Réponse au post de Mimy la souris.
Notre amie Mimy a pris soin dernièrement de faire une analyse
grammaticale poussée d'une campagne de publicité plutôt mal
fichue. Il est vrai que j'avais remarqué ces placards dans les
couloirs du métro, mais je n'avais pas relevé l'erreur de
grammaire, sans doute trop occupée à ne pas oublier ma tête chez
un de mes élèves.
La remarque de Mimy est de nature normative, à savoir qu'elle est
de l'ordre « c'est faux, parce qu'on ne dit pas... » De
mon côté, son énervement m'a fait relever un phénomène que
j'avais déjà noté auparavant. Et ici je ne suis plus dans le
normatif, mais dans le descriptif.
De plus en plus souvent, à l'oral comme à l'écrit, le « on »
indéfini et vague prend de la chair et du caractère pour remplacer
un « nous », très personnel quant à lui. Ici, on se
souviendra de mon indignation face au dos de la boîte de céréales (désolée, je n'ai pas réussi à remettre la main sur le lien).
On pensera aussi à ces phrases bancales d'un point de vue normatif
mais courantes du point de vue des locuteurs: « on est chez
nous », « on a oublié nos affaires » etc.
Ici, le phénomène est inverse. Dans « choisissons son
ordi », l'idée était de continuer sur la ligne du « on
(ne) choisit (pas) », mais un impératif à la troisième
personne, ça n'existe pas, et un subjonctif jussif dans une affiche
publicitaire, c'est tout bonnement impensable. Alors les rédacteurs
ont utilisé celui de la première personne du pluriel, puisqu'ici,
clairement, le « on » peut être substitué au « nous », tout en conservant le pronom possessif de la troisième personne.
Cet ensemble de remarques permet d'émettre la question suivante:
dans quelle mesure, aujourd'hui, le « on » est-il toujours indéfini?
Est-ce qu'il n'est pas en passe de se substituer au « nous », plus
compliqué et plus long? N'oublions pas qu'en langue, la loi dite
« du moindre effort » prévaut, la plupart du temps, sur
toutes les autres.
La langue n'est pas immuable, et se rendre compte de changements
comme celui-là est toujours surprenant, amusant parfois.
(Tiens, ça ferait un bon sujet de mémoire de linguistique
française, ça...)