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Vous en parlerez à votre cheval...
27 janvier 2013

Départ

Cela faisait déjà quelque temps que je furetais sur les sites de location d'appartement, à la recherche de la perle rare. J'en avais assez de cuisiner où je dormais, de dormir où je travaillais, de travailler où je cuisinais. Assez de la salle de bain glaciale et minuscule, du parquet qui menace de s'écrouler à chaque pas, des voisins trop bruyants au travers des murs aussi fins que du papier.

Photo0362

Pourtant, indéniablement, je l'aime ma chambre d'étudiant, mon studio, mon premier pas vers l'indépendance. J'en ai toujours assumé seule la charge financière, il m'a prouvé à moi-même que j'étais capable de survivre, solitaire, dans la jungle urbaine. Mais l'absence de machine à laver, de place pour mes livres, de véritable cuisine, a fini par me peser.

Pourtant, j'aime toujours autant regarder la petite ceinture et les arbres se balancer dans le ciel matinal, depuis ma fenêtre. J'aime toujours autant avoir la possibilité de descendre et d'aller faire mes courses au coin de la rue. Et par-dessus tout, j'aime toujours autant le calme de l'impasse, l'impression surréaliste de ce cerisier énorme au milieu de la ruelle, les maisons individuelles et les jardins, qui donnent à ce coin de la capitale un air extra-muros.

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Mais sans doute ai-je grandi. Je touche enfin un salaire. J'ai eu besoin de bouger. Brusquement, j'ai téléphoné, j'ai envoyé des dossiers, j'ai visité. En une semaine, j'ai visité trois appartements. Un m'a été refusé, un m'a un peu effrayé, et le dernier... et bien, le dernier, j'ai signé le bail ce matin.

Un vrai deux pièces, avec une chambre séparée de la cuisine, et une salle de bain qui n'a pas une tête de placard à balais. Un appartement digne de ce nom, au parquet luisant et aux moulures fraîchement repeintes. Bientôt, je vais déménager, et j'aurai l'impression d'avoir franchi un pas supplémentaire vers l'âge adulte.

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"Quand je serai grande..."

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24 janvier 2013

Court-métrage

22 janvier 2013

Rien ne nous survivra. Le pire est avenir.

Rien ne nous survivra fait l'effet d'un coup de matraque sauvagement asséné sur le crâne. J'avais lu le tout début il y a près de deux semaines, et, gênée par l'alternance des points de vue à la première personne ainsi que par la violence qui se dégageait des premières pages, j'avais mis le roman de côté. Finalement, mon retour de Caen hier aura eu raison de mes réticences. En deux soirs, j'ai littéralement dévoré les quelques centaines de pages du livre de Maïa Mazaurette (qui est, paraît-il, connue, mais que je ne cite que pour conserver l'équilibre et le rythme de ma phrase).

Rien ne nous survivra

Le contexte est simple : les jeunes se sont révoltés, et ont décidé d'éradiquer les vieux. Ainsi, le roman commence deux ans après le début de la révolte ; la guérilla des jeunes a détruit Paris, les vieux campent sur leurs positions au Nord et les jeunes ont pris possession de la Rive Gauche. La limite d'âge : vingt-cinq ans.

Je viens de lire quatre ou cinq critiques et commentaires sur ce livre, et tous abordent un point précis du roman, mais jamais le même. L'un s'attarde à débusquer la signification de l’œuvre, l'autre sur la narration, un autre encore sur la relation entre les deux protagonistes. Que l'on soit clair : je n'ai pas cherché la moindre critique de la société dans ce livre. Classé en SF, empiétant sur le territoire du fantastique, je l'ai pris pour une histoire. Horrible, atroce, d'une violence inouïe, certes, mais une histoire quand même.

Sven-Fennema-Rise and fall

J'ai fini par m'habituer à la narration en points de vue alternés. Deux personnages, deux snipers, Silence et l'Immortel. Autant vous le dire tout de suite : le sniper rejoint dans mon imaginaire de midinette l'archer. Et pourtant, les deux personnages autant l'un que l'autre sont absolument terrifiants, quand on y pense.

Meurtres, assassinats, raids ; les cadavres s'entassent, les blessures pourrissent, les rats pullulent, la faim et la mort rôdent. Paris est calcinée. On pensait avoir cerné le décors. Puis s'ajoutent aux deux voix, une troisième, impersonnelle, celle de la Théorie. Parce qu'il faut une idéologie à une révolution. Et l'on nous parle des débuts de la révolte. Des parricides en masse. Un certain choc, voire un choc certain, écarquille les yeux du lecteur à ces lignes. Puis la lecture se poursuit.

Sven-Fennema-2

Ce qui m'a fait tenir ? Le meilleur. Silence. On imagine, sans trop réfléchir, un garçon. Puis le doute s'installe, quand l'Immortel précise que personne ne sait s'il est féminin ou masculin. Ma lecture avance au fil des pages, cherchant l'indice grammatical, le petit accord, qui trahira le sexe de l'énigme Silence. Mais en vain. Et ses relations n'aident guère : amitié qui pourrait être plus avec Vatican, experte en renseignements, et l'obsession amour-haine-désir sadomasochiste que lui voue l'Immortel.

Les courses poursuites dans les bâtiments en ruines, sur les toits, dans les rames désertées du métro ont parfaitement satisfait la midinette qui est en moi, que l'intrigue sentimentale a fini par décevoir. Mais il en fallait plus pour détrôner Silence en mon esprit. La classe incarnée. Malgré les horreurs perpétrées par son bras, ses idéaux le placent au-dessus de la mêlée, qui finit par devenir semblable à ceux qu'il ou elle combattait. Un petit côté Sa Majesté des mouches, qui m'avait bien traumatisée à l'époque.

Pour résumer, un récit qui ne fait pas dans la dentelle, à la démesure de plus en plus folle, au rythme soutenu, dont le style quasi-répétitif lancine autant que les bombes qui tombent sur Paris. Amoral. Cathartique, presque.



PS : les deux photographies sont de Sven Fennema.

 

19 janvier 2013

Vignettes

Lundi

La nuit est tombée, et le crachin de Normandie est devenu averse. Le campus 1 est désert dans la nuit. Clef en poche, je me dirige vers la maison de la recherche, où une chambre m'attend. Les bâtiments au look socialisto-communisto-stalinien, quoiqu'entretenus, sont angoissants dans l'obscurité luisante de pluie. Passée la passerelle, le campus retrouve son sens étymologique, et devient vaste champ herbeux. Lorsque j'entre dans ma chambre surchauffée, j'éteins le radiateur et ouvre ma fenêtre sur le désert des pelouses détrempées.

Mardi

La cafétéria de la maison de la recherche, à huit heures du matin, est déserte. Seule la responsable de l'endroit s'occupe de ranger les livraisons dans la réserve. Les pains au chocolat sortent du four, je sirote mon thé, accoudée au bar. De cet étage, quand on se penche sur la rambarde, on voit de haut le plan de Rome, maquette de la Rome antique de près de 70m², datant du début du XXe siècle.

Mercredi

Pas un seul doctorant au labo à Nanterre. Je profite du calme pour avancer mes expériences syntaxiques. Mais les problèmes s'ajoutent aux erreurs, et pas l'ombre d'une solution ne pointe son museau.

Jeudi

Je reprends l'écriture. L'écriture de fiction. Plus précisément de fanfiction. Deux ans sans écrire, je suis un peu rouillée, mais l'envie me chatouillait les doigts depuis plusieurs mois. J'ai fini par céder. Le soir tombe, je finis par me mettre au travail.

Vendredi

Club BD. Préparation de l'exposition sur Angoulême. L'enthousiasme de certains fait chaud au coeur. "Madame, on refera une sortie à Angoulême l'année prochaine ?" Un peu gênée, je me contente de sourire. Où serai-je l'année prochaine ? Moi-même je n'en sais rien. Dans ce flot d'inconnu qu'est la découverte du monde de la recherche, le collège est comme un havre où jeter une ancre rassurante. J'espère pouvoir conserver ce pied-à-terre salvateur.

Samedi

Les trottoirs sont boueux, quelques traces de blanc subsistent dans les canivaux. Le parc est fermé, et à travers les grilles on peut voir les allées immaculées. Le marché du livre ancien ouvre ses portes. Les chalands sont rares, et les libraires aussi. Les quelques présents battent la semelle et blotissent leurs doigts gourds dans leurs gants.

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10 janvier 2013

Sous les toits

J'avais déjà visité les combles de la Sorbonne, à l'occasion de ma première et dernière visite chez la conseillère d'orientation. Aujourd'hui, c'était un peu en dessous, mais on apercevait tout de même quelques morceaux de poutre et bouts de ciel (?)*. Je débarque au troisième étage de l'escalier G (le normal cette fois, pas de piège), tourne à droite conformément aux indications donnés sur le panonceau (le mail disait à gauche...), et là, je découvre une nouvelle dimension.

Un sol carrelé, d'un carrelage tout-à-fait normal, beigeasse, au troisième étage de la Sorbonne. J'ignorais même jusqu'à la présence de carrelage dans cette antique université. Je connaissais le parquet (vieux, usé, poussiéreux, craquant, ciré aux abords des quartiers administratifs), le marbre des nobles galeries du rez-de-chaussée, le linoleum des bâtiments restaurés, et même la moquette (mon errance vers le premier étage et demi n'aura pas été vaine). Mais le carrelage, en dehors des toilettes, jamais.

Murs mouchetés dans divers tons de beige, le tout est assez laid. Mais c'est carrelé. Bref, j'ai l'impression de m'être trompée. Une amie me suggère que ce couloir a peut-être le même comportement que la salle sur demande de Poudlard, et que dès demain, on y trouvera de nouveau le bon vieux parquet des familles.

C'était le niveau J, tiers 600. (Quand on cherche "salle J636" chez Google, on ne trouve que des pages faisant référence à la Sorbonne... sans doute le bâtiment (en fonction) le plus tordu de France !)

* Avec le temps qu'il fait depuis une semaine, je commence à douter qu'il y ait encore un ciel à Paris, mais bon.

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8 janvier 2013

Labyrinthique

Le séminaire devait avoir lieu en Sorbonne. Chose étonnante s'il en est, puisqu'il s'agit d'un séminaire d'un laboratoire de Nanterre. Force mails avaient été envoyés, précisant "Paris Descartes", "rue des Saint-Pères", "non en fait en Sorbonne", "mais Paris Descartes quand même". Finalement, on informa : en Sorbonne, galerie Gerson, escalier G, salle F673. Rien d'effrayant pour qui a passé quelques années en ces murs.

13:30. Je quitte la petite sandwicherie que j'aime bien, rue des Ecoles, et remonte le long de la rue Victor Cousin. J'entre dans le couloir, persuadée, après avoir croisé la galerie J.B. Dumas que la suivante est la bonne. Déconfiture totale : galerie Claude Bernard. Ne reste que la galerie Richelieu et les autres sont fermées. Un peu interdite, je jette un oeil au plan qui s'efface depuis les siècles des siècles, au bas de la salle des Actes. Galerie Gerson... j'y étais. Bref. Premier indice trompeur, car il n'y a pas d'escalier donnant directement sur cette galerie !

Sorbonne 06

Ce n'est pas tout-à-fait l'endroit où je me suis perdue, mais ce n'est pas loin au-dessus.

Escalier G... Je trouve le J, à côté du P (ce qui est tout-à-fait logique, vous en conviendrez). Et le G, en fait, je le connaissais très bien, j'avais simplement oublié son nom. Premier étage et demi, ethnologie ou que sais-je, même pas de palier. Deuxième étage, la présidence. J'imaginais pourtant qu'il s'agissait là du niveau F... Tant pis, je poursuis. Troisième, UFR d'anglais, niveau G. J'avais raison. Merdum ! Du coup j'essaye de rattraper par le demi-étage, je trouverai sans doute une correspondance.

Je découvre un laboratoire de recherche en langue française, une bibliothèque, des bureaux. Sol moquetté, silence complet, quasi-religieux. J'ose à peine poursuivre, mais j'imagine qu'un autre escalier débouche de l'autre côté de cet étroit couloir. Et effectivement, un minuscule escalier. Niveau F, bingo ! Salle 671. Pour les suivantes, il faut sortir sur la passerelle. F672, je chauffe. Et là, bam, cul-de-sac, une porte vitrée qui donne sur un débarras. Contrite, je redescends dans la cours Cujas, que je connais bien.

Je retourne à l'escalier G, en passant devant un groupe d'étudiants vautrés dans un autre escalier... G2 ! Si si ! LE SEUL escalier à porter un tel nom au monde est forcément à la Sorbonne ! Petit colimaçon au bois usé qui débouche sur un minuscule pallier. Deux salles, dont la F673. Je reprends mon souffle. Il est 13:55.

Sorbonne 08

Cette photo n'est pas récente, il ne faisait pas si beau aujourd'hui.

14:10 arrive l'organisatrice. La salle est fermée. Les appariteurs de Paris IV ne peuvent pas l'ouvrir, car c'est une salle qui appartient à Paris V. Et l'appariteur de Paris V n'est pas là. Allers-retours de la pauvre dame dans l'escalier. Finalement, un appariteur monde, tranquillement. Il vérifie. Ah oui, c'est fermé. "Je vais voir, mais les pass de Paris IV ne vont pas marcher..." Il redescends, tranquillement. Il est déjà 14:20. Finalement, on nous installe dans une salle de Paris IV. Nous avons une demi-heure de retard...

"Vive la Sorbonne !" ont dû se dire les intervenants... qui arrivaient tout droit de Nancy (de l'ATILF, pour être plus précise).

PS : une très bonne année à tous, chers lecteurs !

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