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Vous en parlerez à votre cheval...
29 octobre 2010

Pour une bouffée d'air marin...

... j'étais prête à faire huit heures de train dans la journée, prête à affronter les grèves et les travaux, prête à prendre l'autocar entre Rennes et Vannes. Mais il faut reconnaître que le jeu en valait la chandelle!

À Rennes, alors qu'un foule impressionnante attend le car pour se rendre qui à Vannes, qui à Lorient, le ciel est gris, l'air froid et humide, se transformant de temps à autre en cette espèce de crachin très anglais. Malgré tout, j'ai bon espoir: Vannes est au bord de la mer.

Photo0508Lorsque l'autocar arrive, le ciel présente des morceaux de bleu, le soleil inonde le parvis de la gare, l'air est doux et sent bon les vacances. Je ne suis là que pour la journée, mais je compte bien en profiter le plus possible. Mes grands-parents sont là, qui m'attendent sur le quai.

L'après-midi, nous allons voir le Golfe. Les eaux grises baignées de soleil, l'air qui sent bon l'iode et le large, les pins tordus qui donnent cette allure unique aux côtes. Respirer à pleins poumons, fermer les yeux sous les caresses du soleil, profiter de cette unique journée de vacances, avant de retourner sur Paris. Ne penser à rien, oublier les questions des grands-parents sur mon père, ne pas écouter leurs allusions et ne pas faire attention à leur discours sur la religion. Juste apprécier l'instant.

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La mer. Le soleil. Ces nuances de gris uniques. Ce paysage accidenté qui donne envie de rester là, à le contempler pour le reste de sa vie.

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Le soleil. La mer.

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27 octobre 2010

Beauté et mystère de la grammaire

Au début, c'est une comptine, un rythme que l'on intègre en chantant, un rythme lent comme les battements de mon cœur ou plus rapide, si je me précipite. On conjugue, puis on décline, naturellement, on récite dans une régularité parfaite. On guette la forme qui ne sera pas exception. On recherche sa forme idéale, qui se décompose parfaitement : radical – la racine, l'origine, l'ancêtre du mot qui lui donne tout son sens, celui sur lequel on peut raconter des histoires et grâce auquel toutes les branches de l'arbre généalogique se remplissent ; suffixe – la béquille, la baguette magique qui modifie légèrement le sens du mot, lui donne un aspect différent, qui a le pouvoir de rendre un verbe au passé, de l'envoyer dans l'oubli, ou au contraire, de l'expédier dans le futur, dans le « pas encore accompli », et s'il est conditionnel, il se fera souhait et espérance ; terminaison – ruban dans la coiffure, rideau dans une pièce, ornementation ultime, qui parachève la forme et la rend complète.

Décliner, conjuguer, comme on respire ou comme on fredonne « Au clair de la lune » ou comme on récite un « Notre Père ». Naturellement, sans forcément comprendre. Puis vient le moment où les formes se recoupent, on voit l'accusatif en -m, on admire ces similitudes, on s'extasie devant l'économie de moyens mise en œuvre – ou plutôt devant cette régularisation forcée. On couve le paradigme du verbe être d'un œil d'antiquaire, avec ses reliquats d'indo-européen, on finit par l'aimer ce verbe irrégulier. On élargit notre vision, on se fait comparatiste, on déniche des similitudes où l'on n'aurait rien vu avant.

Puis, moment ultime de l'utilisation de toute cette beauté mathématique, mise en pratique. Devant le mystère d'un texte, l'analyse fuse, on réfléchit à peine, on souligne, encadre, entoure, gribouille le texte, jusqu'à ce qu'il rappelle les tableaux de Pollock. C'est une énigme que l'on doit résoudre, un code secret que l'on doit déchiffrer. Le sens apparaît peu à peu, la lumière se fait. La beauté du texte nous éblouit, et la traduction reste imparfaite, insatisfaisante, frustrante. Mais on a vu la construction parfaite du texte, on a vu sa grammaire, sa logique interne, sa colonne vertébrale et toutes ses articulations. On l'a admiré et son éclat nous a été offert le temps d'une analyse.

26 octobre 2010

Civilisation?

Quand j'étais au collège, j'adorais apprendre. Je me souviens que je buvais les paroles de la plupart des professeurs, et même quand je n'aimais pas la matière – mathématiques, SVT – jamais je n'ai raté une miette du cours. Jamais mon attention n'a faibli. J'avais horreur des exercices de groupe, des débats et autres activités qui me sortaient de ma passivité. Mais si le professeur parlait, alors tout allait bien. Pas besoin de réfléchir: on m'apportait la connaissance sur un plateau, et j'écoutais ça comme une histoire qu'on m'aurait racontée le soir, avant de m'endormir.

Quand j'étais au collège, je n'aimais pas les vacances. J'avais envie d'apprendre. Ou plutôt, j'avais envie qu'on me raconte des choses que j'aurais à retenir. Le seul effort que j'acceptais, c'était la mémorisation et l'apprentissage. Le reste est trop fatiguant, je pense.

Il est resté de tout ça que je suis capable de ne pas ouvrir la bouche de la journée, capable d'écouter un professeur parler pendant plus de quatre heures sans broncher. Je ne dis pas que je suis attentive pendant les quatre heures, mais que je ne bavarde pas ni ne bouge.

Or, ces deux derniers jours, je me suis rendu compte que peu en sont capables. Dans cette salle de classe, où nous étions une quarantaine de professeurs en formation, il y en a qui bavardaient sans arrêt, ne prenant même pas la précaution de baisser la voix, d'autres qui interrompaient sans arrêt, n'attendant pas même que la formatrice ait terminé sa phrase... j'étais assez éberluée d'un tel manque de civisme. Mais, comme a dit notre dernière formatrice:

« La barbarie, c'est notre fond de commerce. »

26 octobre 2010

Formatation

Impressions à chaud, lundi midi

Il y a ceux qui bossent en Seine-Saint-Denis et qui pensent avoir plus de difficulté que tout le monde, ceux qui contestent les réformes, ceux qui racontent leur vie, ceux qui ne sont jamais contents, ceux qui pensent qu'ils n'y arriveront jamais, ceux qui sont persuadés que leur problème est le pire de tous et qu'il est insoluble, ceux qui sont sûrs d'eux et qui la ramène tout le temps...

Et moi dans tout ça, j'ai l'impression que je ne corresponds pas au modèle. Je suis encore étudiante, alors que tous les autres sont sortis de leurs études – depuis longtemps déjà pour certains (je pense entre autre à ces mères de famille qui reprennent une activité professionnelle). J'enseigne le latin, quand les autres sont profs de maths, d'histoire ou d'anglais. Je suis dans un collège-lycée où les gamins ne sortent pas franchement de milieux aisés, alors que selon les dires des autres, ils sont dans des établissements bien bourgeois qui ont les moyens. Ils parlent de leurs confrontations avec les parents, quand je n'en entends jamais parler, de pression au niveau de la direction, quand c'est le directeur que je vais voir au moindre problème.

J'ai sincèrement l'impression que je n'ai rien à apprendre ici. Ou du moins, que cette « formation » ne m'apprendra rien de très utile. Et je ne parle même pas de mes heures en temps que documentaliste et de mon unique heure de français, où je suis censée donner la suite du cours d'une collègue, qui ne m'envoie jamais le travail à l'avance.

J'ai l'impression de perdre mon temps.

Impressions à froid, mardi soir

Formatage, plutôt que formation. Ça a beau être organisé par le diocèse, on nous parle tout le temps d'éducation nationale. Le jargon du milieu écorche mes oreilles, et on nous explique clairement ce qu'il faut faire et ne pas faire. Il faut rentrer dans le moule, et faire rentrer les élèves dans le moule avec nous. C'est effrayant, et donne envie de fuir.

Si ce matin j'ai appris davantage de choses, il n'en reste pas moins que les langues anciennes n'existent pas dans ces formations. On les a déjà oubliées, laissées dans le placard, sous couvert de beaux discours. Qu'ils se démerdent donc, ils ne mourront pas sans langues anciennes. Mais qu'ils ne viennent pas se plaindre plus tard, les ignares haut perchés de l'éducation et du ministère. Moi je sais, et égoïstement, ça me suffit.

26 octobre 2010

Petits matins - Au pied du lit

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Paris, le 26 octobre à 8h27

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24 octobre 2010

Couvertures de cuir et papiers oubliés

La voix du métro annonce que le trafic est interrompu sur ma ligne, dans ma direction, et juste sur le tronçon qui m'intéresse. Résignée, je m'apprête à rentrer à pied, quand mon cerveau me souffle que je pourrais peut-être prendre le bus. Sitôt dit, sitôt fait, me voilà à battre la semelle dans la foule qui a eu la même idée que mon cerveau.

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Prise d'une inspiration subite autant qu'irréfléchie – le propre de l'inspiration, dirai-je – je descend un arrêt plus tôt et m'en vais fureter au Marché du livre ancien et d'occasion. Coup de chance, c'est le week-end de la grande braderie. Une affichette annonce les livres à 1€, à 2€, une autre s'exclame « 5€ le kilo » et derrière, les livres s'alignent, ou s'entassent, c'est selon.

Sous la halle, le bruit des badauds est assourdi, comme avalé par toute cette quantité de papier. Livres de poche décrépis, livres presque neufs, sans doute des invendus, vieux exemplaires de journaux d'un autre siècle, bandes dessinés et comics, et surtout, ce qui m'hypnotise complètement, ces vieux volumes reliés cuir, dorés, aux couleurs fanées et aux tranches fatiguées, ces livres que j'ose à peine caresser du bout des doigts, tant est grande la peur qu'ils tombent en poussière au moindre contact.

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Mes yeux errent sur ces bibliothèques nomades, ces reliquats de librairies d'un autre temps, ces extraits d'un salon de l'aristocratie du siècle passé. Et je rêve à une bibliothèque courant sur les murs d'un grand bureau, murs blancs, moulures, petite cheminée parisienne, grande fenêtre, bibliothèque aux reflets mordorés de ces volumes au cuir rendu souple par l'usage, chaleur de ces bruns, de ces rouges, de ces verts. Auteurs inconnus et oubliés, ouvrages sans intérêt autre qu'esthétique.

J'ai commencé ma collection avec Cornélie, ou le latin sans pleurs et Eulalie, ou le grec sans larmes, deux petits livres cocasses aux dorures attrayantes et aux titres irrésistibles.

Corn_lie_ou_le_latin_sans_pleurs Eulalie_ou_le_grec_sans_larmes

24 octobre 2010

Petits matins - Quand la ville dort encore...

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Venise, place San-Marco

24 octobre 2010

Petits matins - Loin d'ici, là-bas

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Istanbul, le détroit du Bosphore

24 octobre 2010

Petits matins - Il y a ce qui me semble une éternité...

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La plage de Dinard, avec vue, au loin, sur Saint-Malo

22 octobre 2010

Ciels métropolitains

Il est neuf heures, hier matin. Je descends dans le réseau suburbain, dans ces immenses galeries où jamais l'on ne voit la lumière du jour. Les murs sont blancs, les néons blafards, les visages anonymes et fatigués. Les grincements, les sifflements bercent les usagers usés, comme une chanson écoutée de trop nombreuses fois.

Il est neuf heures trente, hier matin. Je remonte les escaliers, boulevard Saint-Germain. Et le ciel bleu, froid, m'éblouit de son oeil souriant. L'air me réveille, me sort de ma torpeur, envoie valser tous ces lambeaux de métro et les arbres se découpent dans ce ciel bleu, froid, immaculé. C'est bientôt l'hiver, mais il fait beau, l'air est lumineux.

Il est bientôt vingt heures, hier soir. Je ressors du réseau souterrain, à l'endroit même où j'étais entrée le matin. Le ciel est presque noir, c'est la nuit, c'est l'hiver. Les voies de chemin de fer passent au-dessus des boulevards des maréchaux. Les colonnes sont éclairées de spots jaunes. Les phares des voitures, les lumières du tram, ne sont pas encore là: le feu est rouge. Personne. C'est désert, presque silencieux. Cela ne durera que quelques secondes. Mais le ciel est noir et vide. Ni nuages, ni étoiles. Rien. Pas même la lune.

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