Des gros, des grands, des maigres, des petits, des fluets, des
rondelets, des fatigués, des exaspérés, des blasés, des ennuyés,
des énervés, des perdus, des sûrs d'eux, des paumés, des indécis,
des hésitants, des timides, des étrangers, des optionnaires, des
qui reviennent, des qui ne veulent pas partir, des qui insistent, des
à lunettes, des bizarres, des prépas, des doubles cursus, des qui
ne savent pas lire, des qui ne savent pas écrire, des qui confondent
rose et mauve, des qui travaillent, des qui veulent qu'on fasse leur
emploi du temps, des malvoyants, des polis, des qui partent sans rien
dire, des compatissants, des sympathiques, des froids, des sévères...
des gens quoi.
Des centaines et des centaines qui arrivent le matin en masse, qui
s'entassent dans la cour Cujas, qui font la queue devant la salle
E658, avant de s'attrouper dans la salle, devant les ordinateurs de
lettres modernes.
En latin-grec, on fait tout à la main. Avec toutes leurs fiches,
ils doivent certainement faire couper le tiers de la forêt
amazonienne chaque année, au moins! Une rose et une vert clair pour
les lettres classiques, une orange et une vert foncé pour les CAMC,
une mauve pour les lettres modernes, rien pour les LMA (qui de toute
manière ne peuvent pas assister aux cours pour cause de
chevauchements), une rouge pour les optionnaires en latin, une jaune
pour les optionnaires en grec... et après, c'est à nous d'inscrire
tout ce petit monde sur des listes papier, en attendant que la
secrétaire de l'UFR de latin puisse les rentrer sur Apogée – le
logiciel de la fac.
Il y a des fois, tout cela frise le surréalisme. Ou l'absurde. Il
DOIT y avoir un moyen cent fois plus simple d'inscrire tout ce monde
dans un TD. Avec les techniques informatiques qui existent
aujourd'hui, je suis sûre qu'on peut créer un système plus facile
d'accès et moins coûteux en temps. C'est obligatoire.