Perles d'orage
Tout à coup, le ciel s'assombrit, le vent se lève. En l'espace d'un quart d'heure, la nuit est tombée. L'orage ne va pas tarder. Puis un éclair illumine l'obscurité, il irradie le toit des maisons voisines. Et le tonnerre roule au loin. Quelques minutes s'écoulent, et c'est le déluge. La pluie s'abat avec violence sur la terrace. L'odeur de la terre chaude sélève, plus forte que jamais, agressant délicieusement mes narines. Le vent fait pleuvoir dans la maison, mais je n'en ai cure. Cet arôme estival est trop précieux pour en laisser échapper une goutte. Après la tempête, on sent enfin la fraîcheur tant attendue.
J'irais bien pieds nus dans l'herbe du jardin. Mes yeux se ferment. Je marche sous la pluie, dans le gazon des campagnes anglaises. Le parfum entêtant de la terre m'enivre. Je marche sans penser où je vais. Je me perds sans me soucier du lendemain. Innocence, naïveté, insouciance. Trois mots comme un collier de perles légères et précieuses. Trois mots que la tempête de l'adolescence vient briser. Le collier est rompu; les perles ont roulé dans la pelouse. Je ne les retrouverai pas.