Listes et énumérations
Ma tasse de tisane Tilleul-rose-jasmin-violette est vide. Sur ma table de chevet s'entassent pêle-mêle feuilles volantes, lectures inachevées, boîtes de médicaments éventrées, mouchoirs, boucles d'oreille esseulées. Sur le sol poussiéreux, ce sont les chemises qui attendent pour le repassage et les bandes-dessinées de la bibliothèque. Sur mon bureau, des cours, des compotes pomme-framboise-myrtille et des punaises. À côté de moi, sur mon lit, gît A Handbook of litterary terms et mon exemplaire du « Tyger » de Blake, scandé en dépit du bon sens. Ici un livre d'histoire romaine, là une chaussette oubliée. Mon portable clignote paisiblement et mon ordinateur souffle bruyamment.
Dans mon sac à dos vous trouverez les cadavres de mon pic-nic, un gros Gaffiot et son fils, le petit Félix, le commentaire rhétorique de la tirade de Chimène, quelques notes sur le type et le caractère dans la comédie de Beaumarchais, un extrait de Tacite gribouillé, raturé et dont la traduction finale – ne signifiant pas grand chose – fut rendue tout-à-l'heure, un extrait du Côté de chez Swann dont je vais devoir analyser toutes les subordonnées (nature, fonction et analyse du subordonnant) pour la semaine prochaine, quelques bouts de dessins, des clefs et un portefeuille, un superbe thème latin et des bribes de souvenirs.
Pourquoi ces descriptions-énumérations?
Parce qu'elles vous disent ce que j'ai fait aujourd'hui, elles vous
racontent l'état de ma chambre, elles vous narrent mes actions
de la semaine et mon état de santé; pour le plaisir
aussi. (Et pour que vous remarquiez que la police utilisée
est celle de Tintin.)
(Photo qui date de l'an dernier, vous le verrez aux livres qui trainent sur mon bureau)