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Vous en parlerez à votre cheval...
28 avril 2013

Cyrano de Bergerac

Hier soir, un rêve est devenu réalité. J’ai vu, jouée sur scène, la pièce d’Edmond Rostand, celle dont le texte est tellement beau qu’il n’est pas de mots suffisants pour exprimer ce que l’on ressent en la lisant – que dire donc en l’entendant, en la voyant ? – Cyrano de Bergerac.

La mise en scène, quoique résolument contemporaine, n’empiétait pas sur le texte. Bien au contraire. Et l’excellence des acteurs n’était pas pour rien dans le sextuple rappel qu’ils ont obtenu à la fin.

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Une salle carrelée de blanc, meubles anguleux en métal et formica, néons suspendus pour tout éclairage. C’est clinique et peu hospitalier. Les personnages sont en jogging, ont des tocs étranges, déambulent comme des fous dans un asile. Ici point de panaches et d’épées : les poings suffisent.

Dit comme ça, ça ne donne peut-être pas très envie, mais qu’importe. La beauté du texte était entière, pleine. Les gestes amplifiaient le burlesque de certaines répliques, et à tout instant, on voyait la grandeur du personnage qu’est Cyrano. Sa grandeur d’âme, son cœur immense. Et ces vers… les lignes du baiser, susurrées sur un Skype fictif, m’ont émue aux larmes, après que le bruitage de la célèbre messagerie a faire rire la salle comble.

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Le jeu était extrêmement dynamique, les acteurs touchants et l’on pouvait savourer pleinement chaque syllabe, chaque rime avec extase. C’était exquis.

"C’est bien plus beau lorsque c’est inutile !" s'exclame notre héros juste avant de mourir : cette phrase merveilleuse devrait être la devise de tous les amoureux du latin et du grec...

Cyrano_de_Bergerac

 

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22 avril 2013

Le Décalage

La couverture de l’album n’en est pas une, et sans le bandeau, ajouté par l’éditeur, impossible de connaître l’auteur de cette bande dessinée, ou le titre (on peut essayer cependant d'en deviner l’auteur à ce dessin noir et blanc assez caractéristique). Le bandeau indique « Marc-Antoine Matthieu, Le Décalage, Delcourt ». Au dos, sur le bandeau toujours, le code-barres et une mention intrigante. « Attention : cet album comporte des anomalies qui sont parfaitement volontaires et en constituent même le sujet. » Une fois le papier ôté, la couverture est nue, ou plus exactement, nous avons deux planches traditionnelles. Même la tranche est dénuée de toute marque : pas de titre, ni même le petit triangle inversé de Delcourt.

Le Décalage

La première planche / première de couverture indique une pagination… « 7 ». Faut-il commencer par la page 1, qui se trouve à la fin du volume ? Avec un tel titre, on comprend rapidement que l’impression a décalé de sept pages toute l’histoire. Finalement, j’entreprends une lecture en commençant par la page 7. Et l'impression n'est pas la seule décalée.

Pas de page de garde non plus, la bande dessinée a commencé. Le héros, Julius Corentin Acquefacques (verlan pour Kafka, a fait remarquer un site, je ne sais plus lequel), n’apparaît pas. Il est présent, mais inconsistant. Les personnages secondaires s’inquiètent : une histoire peut-elle commencer sans son héros ? Une secousse, et les voilà dans un espace vide : le Rien. « Il y a eu un glissement spatio-temporel… nous sommes décalés par rapport au récit initialement prévu, » explique un des personnages. Et le héros de penser : « Non seulement il n’y avait plus d’histoire, mais de surcroît j’en étais exclu… mais est-ce la fonction qui fait le héros ou le héros qui fait la fiction ? »

Le Décalage 01

Les réflexions logico-absurdes et paradoxales s’enchaînent, mêlées de jeux de mots délicieux, pendant que nos personnages secondaires avancent dans une sorte de désert, « le Grand Rien ». Puis, arrivé page 40, stupeur, horreur : des pages sont déchirées ! Un peu inquiète, je m’apprête à retourner à la librairie, pour signaler le problème. Mais je me rends compte, avec plus d’attention que les bulles se continuent d’une page sur l’autre, que le sens même de leur contenu change lorsque l’on tourne les trognons de page.

Le Décalage 02

Et page 53, les personnages sortant des cases de se demander « Et si nous étions hors de l’espace ? Serions-nous… hors du temps ? » La numérotation des pages disparaît, les cases aussi, les personnages n’ont plus aucun décor, avant d’arriver sur la quatrième de couverture, alors en plein milieu de l’album. Enfin, le code-barres, puis la page de couverture ! Et l’histoire continue, pour rejoindre la page 7 ; la boucle est bouclée.

Un album complètement fou, absolument génial. Un jeu sur les codes de la bande dessinée, le méta-texte, le langage. Un régal !

21 avril 2013

Samedi si ça te va

L’air est frais, mais le temps est splendide. A Versailles, il y a foule : Rive droite, place du Marché, les gens se pressent, déambulent sous le soleil nouveau. Les cafés ont sorti leur terrasse et les touristes leur bermuda. Midi, c’est l’heure du brunch. Conversation enlevée autour de brioche toastée, saucisses, œufs brouillés, bacon craquant sous la dent, pancakes au sirop d’érable, le tout arrosé d’Earl Grey à volonté, après un smoothie léger et acidulé.

Pour digérer ce trop-plein de glucose, une petite promenade s’impose. Les scouts sont de sortie dans les allées du parc, les moutons dans les prés autour du Trianon. Le grand canal scintille, l’air est calme, et le silence est palpable derrière les quelques conversations et cris d’enfants. Petite pause dans l’herbe humide.

Pour la soirée, Iphis et Ianthe (quand on aime, on ne compte pas), cette fois avec Cécile. Cette sortie nous fait découvrir un théâtre qui vaut le détour : le théâtre Gérard-Philippe à Saint-Denis. Le tramway est bondé, mais le trajet assez direct en fin de compte. Lorsque nous entrons dans la salle, nous sommes sous les gradins. Gradins en bois brut, dont l’odeur a quelque chose d’assez enivrant. Les fauteuils alternent avec des banquettes, tout en bois, avec des coussins rouges. Et plein de place pour les jambes. (Il semblerait que cette salle ait été inaugurée en mars dernier : pas étonnant que le bois sente si bon !)

PS : titre extrait des paroles de "Semaine" (M)

13 avril 2013

La Mouette

A l’origine, je voulais aller voir Pinocchio, mais c’était complet et je me suis rabattue sur La Mouette. Je n’avais pas lu le descriptif avec beaucoup d’attention, et j’aurais probablement réfléchi à deux fois en voyant que cette mise en scène avait été créée pour le festival IN d’Avignon. Mais Tchekhov, c’est bon pour la santé, n’est-ce pas ?

J’ai vu trois mises en scène différentes d’Oncle Vania, et l’une d’elle m’avait émue aux larmes. J’ai pu voir également La Cerisaie et Les Trois Sœurs. Je crois même me souvenir avoir vu Platonov et La Noce. Et je n’ai jamais été déçue par Tchekhov. Aussi me semblait-il évident que La Mouette ne ferait pas exception, d’autant plus que cette pièce est la plus connue – du moins, c’est celle que j’associe depuis très longtemps au nom de Tchekhov.

La Mouette 01

Le décor est sombre, beau dans sa simplicité. Immense mur métallique qui ressemble à une épave de paquebot. Le sol semble meuble, il est noir, et l’odeur étrange qui règne dans la salle me fait pencher pour l’identification de granulés de goudron plutôt que pour du sable. Peut-être était-ce une vue de mon esprit. Les costumes sont simples, et les masques de mouette sont très beaux. Les acteurs sont bons, c’est indéniable.

La Mouette 02

Mais. Mais la mise en scène est incompréhensible. Pour qui n’a jamais vu la pièce, il ressortira de là, près de de quatre heures plus tard, en se disant qu’il faut qu’il voie cette pièce. En effet, les personnages s’adressent au public, ne se regardent pas quand ils se parlent ; la prononciation est exagérément articulée ; les poses sont outrées. Et le cours de l’histoire est complètement perturbé par des chorégraphies incongrues.

La Mouette 03

La pièce est censée être une comédie. On le sait, Tchekhov est souvent amer dans ses comédies. Mais là, ce n’est pas drôle. C’est sombre, lent et trop lourd. Et le sens même du texte m’échappe. Est-ce mal de vouloir à tout prix retrouver le texte quand on assiste à un spectacle ? Je ne sais, mais j’aime Tchekhov pour ce qu’il dit.

La Mouette 04

Je me suis donc ennuyée ferme pendant tout le spectacle, cherchant à comprendre malgré tout le sens de cette pièce, mais n’y parvenant pas. Je suis restée après l’entracte, parce que ce n’était pas moi qui avais les clefs de la voiture.

12 avril 2013

Rizzoli & Isles

Dans un premier temps, j’ai regardé parce que c’était une série policière. J’ai toujours eu un faible pour les séries policières, qu’elles soient récentes (FBI : portés disparus), kitschissimes (Starsky et Hutch), classiques (Maigret), d’époque (Sherlock Holmes), drôles (Monk), génialissimes (Sherlock), déjà anciennes (Les dessous de Palm Beach), insolites (Rosemary & Thyme), française (Sœur Thérèse.com) ou très britanniques (Hercule Poirot). Bref, suspens, logique, action, déduction ont toujours su me séduire. Aussi, je n’avais aucune raison de ne pas regarder Rizzoli & Isles.

Rizzoli & Isles 01

Lorsque j’ai allumé la télé, tard l’autre jour, j’ai eu droit à une seconde de film et au générique du dernier épisode de la soirée. Pas très convaincant. J’ai donc utilisé le service de replay, et n’ai pu me décrocher de la série depuis.

Au début, c’est vrai, on regarde pour les enquêtes. Mais au fur et à mesure, on a tendance à oublier l’intrigue : le fil scénaristique est sensiblement le même à chaque fois, ou presque. Meurtre – début d’autopsie – fausse piste n°1 – alibis – nouveau suspect – fausse piste n°2 – etc. Les intrigues sont ultra-classiques, peu originales. Certains épisodes bâclent même la résolution du crime en deux temps trois mouvements, avec deus indices ex machina et déductions tirées par les cheveux. Mais qu’importe, ce n’est pas pour ça qu’on regarde Rizzoli & Isles !

duo

Ce qui est savoureux dans cette série, ce sont les relations qu’entretiennent les personnages, et l’humour quasi-omniprésent. Lorsque j’ai vu le premier épisode, j’ai n’ai pu m’empêcher de penser à Starsky et Hutch. C’était drôle, et le subtext était plus qu’abondant. On peut aussi penser à Rosemary et Laura, duo de femmes qui mène des enquêtes. Ici, Jane Rizzoli est flic et Maura Isles est médecin légiste. Elles sont les meilleures amies du monde, et évoluent dans au milieu de personnages secondaires assez savoureux : Korsak, le policier au grand cœur qui a l’expérience, Frost, le coéquipier que les cadavres rendent malade, Frankie, le frère qui fait tout comme sa sœur (Jane), Angela, la mère qui rêve que sa fille se marie et ait des enfants (ce qui n'est pas tout-à-fait dans le programme immédiat de Jane).

trio

1. Frost - 2. Frankie - 3. Korsak

Dispute au-dessus de l’étude du contenu de l’estomac de la victime, flirt sur la scène du crime, dîner aux chandelles avec un suspect, enquête sous couverture sur un site de rencontres… Autant de situations qui font sourire, entre deux tentatives de jeu de mots de Maura, qui ne gère pas du tout le sarcasme, et quelques regards excédés de Jane qui ne comprend rien au charabia scientifique de sa collègue et amie.

Rizzoli & Isles 07

Points bonus parce que : Jane est gauchère et Maura a une tortue !

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11 avril 2013

Maladies rares etc.

Depuis quelques jours, j'ai entrepris la lecture attentive d'un petit morceau de mon corpus d'étude. Pour rappel, je travaille sur les maladies rares, et mon corpus est composé de milliers de résumés d'articles scientifiques sur le sujet. En anglais, bien sûr.

Depuis quelques jours, donc, je découvre l'univers tout à la fois aride et extrêmement riche du monde de la recherche biomédicale. Loin de tout comprendre, j'évite cependant les recherches Google : voulant bien faire, celui-ci a en effet la fâcheuse habitude de présenter des images sans qu'on ne lui ait rien demandé. Or les maladies étudiées sont peu ragoûtantes, et quand on a l'habitude de déjeuner en travaillant, ça a vite fait de vous couper l'appétit.

La lecture prolongée de tels textes a tendance à vous plonger dans une espèce de dégoût angoissé : on finit par comprendre que quand le traitement n'a pas été efficace, les patients sont morts. On parle de maladies juvéniles, signifiant par là que lesdits patients sont des enfants morts en bas âge. Certains articles décrivent les cas de patients ayant telle maladie, les premiers dans le pays : on comprend alors ce que signifie maladie orpheline.

Et de temps en temps, pour alléger sans doute le fardeau de cette souffrance humaine, les auteurs parlent de souris ou de lapins. Et le dernier en date, le plus original sans aucun doute, décrit le cas d'une de ces maladies détectées chez une caille japonaise : Generalized glycogen storage disease in Japanese quail (Coturnix coturnix japonica). Il y a même du latin !

japanesequail

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