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Vous en parlerez à votre cheval...
1 février 2010

On/Nous: perturbations

Réponse au post de Mimy la souris.

Notre amie Mimy a pris soin dernièrement de faire une analyse grammaticale poussée d'une campagne de publicité plutôt mal fichue. Il est vrai que j'avais remarqué ces placards dans les couloirs du métro, mais je n'avais pas relevé l'erreur de grammaire, sans doute trop occupée à ne pas oublier ma tête chez un de mes élèves.

La remarque de Mimy est de nature normative, à savoir qu'elle est de l'ordre « c'est faux, parce qu'on ne dit pas... » De mon côté, son énervement m'a fait relever un phénomène que j'avais déjà noté auparavant. Et ici je ne suis plus dans le normatif, mais dans le descriptif.

De plus en plus souvent, à l'oral comme à l'écrit, le « on » indéfini et vague prend de la chair et du caractère pour remplacer un « nous », très personnel quant à lui. Ici, on se souviendra de mon indignation face au dos de la boîte de céréales (désolée, je n'ai pas réussi à remettre la main sur le lien). On pensera aussi à ces phrases bancales d'un point de vue normatif mais courantes du point de vue des locuteurs: « on est chez nous », « on a oublié nos affaires » etc.

Ici, le phénomène est inverse. Dans « choisissons son ordi », l'idée était de continuer sur la ligne du « on (ne) choisit (pas) », mais un impératif à la troisième personne, ça n'existe pas, et un subjonctif jussif dans une affiche publicitaire, c'est tout bonnement impensable. Alors les rédacteurs ont utilisé celui de la première personne du pluriel, puisqu'ici, clairement, le « on » peut être substitué au « nous », tout en conservant le pronom possessif de la troisième personne.

Cet ensemble de remarques permet d'émettre la question suivante: dans quelle mesure, aujourd'hui, le « on » est-il toujours indéfini? Est-ce qu'il n'est pas en passe de se substituer au « nous », plus compliqué et plus long? N'oublions pas qu'en langue, la loi dite « du moindre effort » prévaut, la plupart du temps, sur toutes les autres.

La langue n'est pas immuable, et se rendre compte de changements comme celui-là est toujours surprenant, amusant parfois.

(Tiens, ça ferait un bon sujet de mémoire de linguistique française, ça...)

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Commentaires
I
En fait, quand on lit la pub en entier, on ne peut pas croire qu'il s'agit de l'ordi d'un tiers ("on ne choisit pas sa famille, on choisit plus ou moins ses amis, alors choisissons vraiment son ordi"). De toute manière, plus je lis cette phrase, moins je l'aime. Et même si de l'avis de tous elle est fautive et laide, elle montre bien le phénomène dont j'essaye de parler ici. Et ce qui est génial, c'est qu'elle confirme l'évolution avec un emploi à contre-sens des emploi habituels (ex: on choisit notre ordi)!<br /> C'est bien d'être maniaque :()
P
Très intéressant... je n'ai pas vu la pub, mais je crois qu'au premier abord, j'aurais été choquée par cet emploi, peu courant il faut bien le dire ! Et à vue de nez, sans avoir vu la pub, on (nous, quoi ! ^^) pourrait croire qu'il s'agit de choisir un ordi pour un tiers !<br /> <br /> D'habitude, les publicitaires optent pour le "choisissez votre" ou "choisis ton", qui son très employés à l'oral. Ce qui semble faux dans le "choisissons son", c'est qu'on aurait pu employer le "notre", plus usité..., non ?<br /> <br /> Et puis essaye donc d'oraliser ladite phrase : il y a comme qui dirait une itération de la syllabe "son", un peu dérangeante à mon goût (mais c'est mon côté maniaque) :-)
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