Ciels métropolitains
Il est neuf heures, hier matin. Je descends dans le réseau suburbain, dans ces immenses galeries où jamais l'on ne voit la lumière du jour. Les murs sont blancs, les néons blafards, les visages anonymes et fatigués. Les grincements, les sifflements bercent les usagers usés, comme une chanson écoutée de trop nombreuses fois.
Il est neuf heures trente, hier matin. Je remonte les escaliers, boulevard Saint-Germain. Et le ciel bleu, froid, m'éblouit de son oeil souriant. L'air me réveille, me sort de ma torpeur, envoie valser tous ces lambeaux de métro et les arbres se découpent dans ce ciel bleu, froid, immaculé. C'est bientôt l'hiver, mais il fait beau, l'air est lumineux.
Il est bientôt vingt heures, hier soir. Je ressors du réseau souterrain, à l'endroit même où j'étais entrée le matin. Le ciel est presque noir, c'est la nuit, c'est l'hiver. Les voies de chemin de fer passent au-dessus des boulevards des maréchaux. Les colonnes sont éclairées de spots jaunes. Les phares des voitures, les lumières du tram, ne sont pas encore là: le feu est rouge. Personne. C'est désert, presque silencieux. Cela ne durera que quelques secondes. Mais le ciel est noir et vide. Ni nuages, ni étoiles. Rien. Pas même la lune.