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Vous en parlerez à votre cheval...
sortie
24 juillet 2011

Anniversaire

La pluie tombait dru ce soir-là. Les pavés brillaient, des rigoles et de petites marres se formaient un peu partout sur la place. Pourtant, il y avait foule au château. Les fêtes vénitiennes devaient avoir lieu, malgré le déluge, et dans la galerie des batailles un concert se préparait.

Les parapluies s’alignaient devant la grille d’or, les cols relevés, les pieds recroquevillés dans les sandales trempées. Les vestes d’été étaient bientôt vaincues et l’eau perçait. Les cheveux dégoulinaient et les lunettes s’embuaient. L’on attendait pour entrer dans la galerie.

Soudain, un petit bonhomme sous un immense parapluie nous indiqua la direction opposée. L’entrée pour la galerie des batailles se faisait de l’autre côté de la cour. Là-bas, les gens s’ébrouaient et affrontait un flot continu de touristes qui tentait de sortir. Parapluie repliés, manteaux sur le bras, la masse s’agglutinait dans un grand escalier. Et enfin, l’entrée dans la galerie des batailles.

Immense, aussi magnifique que dans mon souvenir, les ors se reflétaient sur le parquet grinçant. Des dizaines de rangées de chaises, alignées devant une estrade drapée de noir. Le décors des tableaux se suffit à lui-même.

Le public se tut lorsque les musiciens firent leur entrée en scène. Applaudissements. Quelques quintes de toux. Une vague odeur de chien mouillé, une atmosphère humide de vêtements qui sèchent peu à peu dans la chaleur de la salle. Puis la voix du premier violon s’éleva.

En guise de prélude, avant les Quatre saisons, trois petits morceaux de rien, trois petits bijoux ciselés dans la partition. Le deuxième est tellement beau que les larmes me montent aux yeux. Vivaldi est un magicien. Un sorcier. Un enchanteur. Et c’est Fabio Biondi qui dirige. Lui aussi a de la magie dans les doigts.

C’était magnifique.

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1 avril 2011

Tardif

Couchée trard ce soir, mais pour une fois, ce n'est pas à cause d'une série coréenne.

Première cause : Shakespeare, Les Joyeuses Commères de Windsor à la Comédie Française. Truculent, burlesque à souhait, plein d'énergie. Costumes magnifiques. L'esprit de Shakespeare planait, sans doute appelé par les chansons à boire adaptées de Purcell. Les trois heures sont passées presque trop vite.

Deuxième cause : essayer d'établir mon corpus pour demain, histoire de ne pas arriver les mains vides devant mes directeurs de recherche. Corpus établi, mais pas nickel. Et tentative de tokenization avec TreeTagger... résultat : RANDONNEE-CAMPING est analysé comme un verbe à l'impératif. Hum. Je pense qu'il va y avoir du travail.

C'est malin, tout ça m'a complètement réveillée. Je n'ai plus envie de dormir.

Trouver un livre. Plonger.

21 février 2011

Les Femmes du 6ème étage

Quand nous sommes partis pour le cinéma, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. J'avais certes lu une critique pas trop mauvaise, mais j'ai pour habitude d'éviter de me fier aux critiques. Pour tout dire, j'y allais surtout pour Fabrice Lucchini, que j'ai appris à apprécier.

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Ouverture sur une scène de réveil, sous les toits parisiens : la journée commence pour les bonnes qui y logent. En descendant chez les bourgeois, la radio nous met au parfum, l'histoire se passe sous De Gaulle.

Un scénario cousu de fil banc, dont j'ai espéré à chaque minute qu'il allait me surprendre, mais qui préférait la simplicité de l'histoire convenue. Qu'à cela ne tienne, si le récit manque de piment et d'imprévu, il ne manque pas d'épices et de sel. On entre dans le film sans s'en rendre compte, et lorsque le générique de fin apparaît, nous nous levons avec un sourire jusqu'aux oreilles.

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Des scènes drôles, malentendus, gaffes ; une ambiance bon enfant qui allège le cœur et éclaircit le ciel gris de ce triste mois de février. Et pourtant, ce film fait s'entrechoquer deux mondes radicalement différents.

Tout là-haut, perché au sixième ciel, le monde haut en couleurs et en douleurs des bonnes espagnoles, qui arrive du pays chacune avec ses rêves et ses blessures. En dessous, l'univers des bourgeois, engoncés dans une vie qu'ils n'ont pas forcément choisie.

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Ce n'est pas pour l'histoire qu'il faut voir le film, mais pour ses acteurs, tous excellents. Lucchini est loin du personnage extravagant que l'on connaît, et les actrices espagnoles, chacune dans son personnage, sont réjouissantes.

Il y a des clichés, mais ils ne sont pas lourds. Il y a de la guimauve, mais c'est trop bon.

9 février 2011

Le Discours d'un roi

Hier soir, j'ai enfin été voir Le Discours d'un roi, avec Mr Darcy, Bellatrix Lestrange et Captain Barbossa Colin Firth, Helena Bonham-Carter et Geoffrey Rush.

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Ce film, qui m'intriguait mais sans plus, dure deux heures que l'on ne sent pas passer. Le centre de l'histoire, un problème gênant de bégaiement, peut sembler légèrement rébarbatif. Mais c'est sans compter sur l'excellence des acteurs! Colin Firth est parfait dans son rôle de cadet qui ne veut pas être roi : chaque fois qu'il prend la parole, même pour raconter une histoire à ses filles, on retient son souffle dans l'attente du dernier mot. Et la façon dont ces scènes de « panique linguistique » sont filmées est tout simplement géniale. On ressent la crispation et le blocage du personnage comme si c'était nous qui bégayions.

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Une petite histoire dans la grande – la menace nazie en décors – et un personnage secondaire amené sur le devant de la scène par un frère aîné qui refuse la responsabilité du trône. Des blessures profondes, des comportements dictés par l'étiquette, des êtres marqués par une souffrance plus ou moins visible. Tout cela est mêlé de scènes hilarantes à la My Fair Lady.

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Un rythme soutenu pour une très belle histoire. Je n'analyserai pas plus avant, mais vous conseille fortement d'aller voir ce film!

6 février 2011

Trois jours au soleil

Retour de ces trois jours de pause, comme entre parenthèses, comme dans un autre monde en un autre temps. Trois jours à Madrid, où je me suis gavée de soleil, de peintures, de conversations et de culture.

Les photos qui suivent ne sont pas à moi, puisque j'avais oublié mon appareil... Merci à Irène.

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Promenade au jardin botanique. Rosiers en attente du printemps, palmiers des quatre coins du monde. Et soleil d'Espagne.

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La serre tropicale du jardin botanique, délice de verdure, fouillis végétal inextricable.

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Promenade au parc.

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La plaza mayor

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Ruelles en clair-obscur...

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24 janvier 2011

Le problème

Pièce de François Bégaudeau, avec Jacques Bonnaffé, Anaïs Demoustier, Emmanuelle Devos, Alexandre Lecroc.

Au théâtre, samedi soir. Une pièce qui ne m'a pas paru être du théâtre. Une pièce tellement criante de vérité qu'elle en était plus réelle que réaliste, qu'elle en était douloureuse jusqu'à me faire fondre en larmes avant la fin.

On est dans une maison. Un père et son fils travaillent. On entend une musique assourdissante provenant d'une autre pièce : c'est la fille. La mère rentre du travail. Rien ne laisse soupçonner qu'il s'est passé quelque chose dans cette famille banale.

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Pourtant. On comprend assez vite qu'il y a eu une lettre. Puis que la mère a décidé de quitter le « foyer ». Sans raison. Ou plutôt, pour des raisons qui n'en sont pas. Parce qu'elle en avait envie. Parce qu'elle se sent « plus désirée » ailleurs, là où son chef de service et amant l'attend.

Le père est accablé, et ne comprend pas. Il n'y a rien à comprendre d'ailleurs. Cette histoire est « banale » et il s'est pris la « médiocrité » de celle qu'il aimait en pleine face. Le fils veut comprendre, et à chaque raison que sa mère donne, il recentre la conversation : « ce n'est pas le problème ». La fille, elle, fait comme si de rien n'était. Au téléphone avec une copine, elle essaye de mettre au point sa dissertation de philo pour le lendemain : « La conscience est-elle un obstacle au bonheur? ». Tout ce qu'elle dit vouloir, c'est le bonheur de sa mère. Elle met la tête dans le sable, n'a pas lu la lettre et semble ne pas vouloir voir le fameux problème.

probleme3_615_frederic_iovinoJ'avais tellement l'impression de revivre cet été, même si les rôles étaient inversés! Tout, jusqu'aux chiffres, correspondait. Le milieu social était le même. Les réactions, les raisons, les comportements étaient comme du copié-collé de ce qu'on a vécu cet été. Le fils, normalien, 22 ans, prépare l'agrégation de philo. La fille, en terminale, prépare plus ou moins à contre-cœur le bac.. Vie de famille depuis 23 ans. Et puis d'un coup, plus rien. Tout s'efface, tout disparaît dans le néant.

Ceux qui voient dans cette pièce une ode à la liberté de la femme n'ont rien compris. Il s'agit simplement d'une histoire tristement banale, l'histoire d'un être profondément égoïste et pour qui le foyer et la famille ne représentent rien. Homme ou femme, qu'importe? Quand c'est une femme qui fait ça, on parle de liberté, quand c'est un homme, on dira de lui que c'est un salaud... Je suis désolée, la combat est le même, la situation est identique.

« Mais qu'est-ce que ça te fait que je m'en aille? » demande-t-elle à son fils. Ça fait. C'est tout. Impossible de dire quoi. C'est juste impossible à accepter. Même si on a 22 ans et qu'on ne va bientôt plus vivre à la maison. Et la fille, qui semblait si insouciante, sera celle qui déclare « ce sera bien si j'arrive à dormir une heure cette nuit », lors du départ de sa mère, à la fin. Blessure secrète et indicible, malgré tout.

3 janvier 2011

Strasbourg, le 25 décembre

Photo0608

La neige a blanchi les pavés et les toitures.
Les stalactites scintillent le long des gouttières,
guirlandes supplémentaires dans la ville aux mille lumières.

14 décembre 2010

Deuxième dieu de mon Panthéon: J-S Bach

Hier soir, après une journée éreintante, j'ai été me réfugier dans la douce chaleur des Bouffes du Nord, aux côté de ma p'tite Mutti et de ma chère Cécile. Deux heures et demi d'enchantement pour mes oreilles lasses d'entendre des gamins chahuter.

Les Concertos brandebourgeois, un paradis pour les oreilles. Sur instruments d'époque, vue de la corbeille, un délice pour les yeux.

La langueur des violoncelles et violes de gambe m'endort, et je m'éveille aux applaudissement. J'ai dormi de ce sommeil irréel qui nous surprend dans toute salle de spectacle. Le silence religieux qui entoure les musiciens, l'obscurité qui apaise après l'agression des néons métropolitains, et la chaleur agréable qui vient panser les griffures du froid. Un sommeil qui nous prend sans prévenir, mais qui nous garde une oreille ouverte, pour recueillir les envoûtantes mélodies de Bach. Ce sommeil suivi d'un réveil que l'on ne voudrait jamais voir s'achever, un réveil où l'on ne sais plus où l'on est, tout en le sachant; un réveil environné d'une musique divine.

Les rayons tombent de la coupole sur les violons élégants, sur les cors scintillants, sur les flûtes agiles, sur le clavecin virtuose. Les mouvements se succèdent et m'enchantent.

13 novembre 2010

Τιτιτιτιτιτιτι τίνα λόγον ἄρα ποτὲ πρὸς ἐμὲ φίλον ἔχων;

Soir de fête, nous allons à la Comédie Française. Sur scène : Les Oiseaux, du grand Aristophane. Je reconnais que je suis curieuse de voir ce qu'on peut faire avec des textes comme ceux d'Aristophane.

Nous prenons place – corbeille, premier rang, plein centre, s'il-vous-plaît. Nous sommes loin du poulailler de la Terminale. Bien loin. Ce sont presque des places présidentielle, royales.

Le spectacle commence.

Un décors assez génial, avec une perspective impressionnante. Un petit côté « tableau renaissance » avec ses colonnes. Il donne l'impression que l'on voit à des kilomètres derrière, là-bas, tout au fond. J'ai même la sensation qu'il n'a pas de fond.

Des costumes magnifiques. Couleurs chatoyantes et plumes virevoltantes. Mes yeux sont contents. Visuellement, la mise en scène est très réussie.

Mais quant au partie pris d'adaptation, il y a des choses qui m'échappent. Certes, je n'ai jamais lu la pièce originale, mais cette histoire d'oiseaux-comédiens me paraît louche. D'après mes souvenirs, cette pièce s'en prenait aux dieux. Point. Il n'y avait pas mise en abyme. D'ailleurs, ça me paraît peu grec. Bon, je reconnais que ma culture dans le domaine laisse à désirer. Mais après avoir lu le début de la pièce hier – Wikisource est mon ami – je suis en mesure de confirmer.

Si ce parti-pris était intéressant, le coupler avec une adaptation sur le plan politique faisait trop. On y perdait en clarté. Il eût fallu forcer le trait dans un sens ou dans l'autre, mais pas faire un entre-deux qui nous a laissées perplexes à la fin de la pièce.

Parce que lorsque le rideau est tombé, nous étions extrêmement perplexes. Nous n'avions pas vraiment compris où cela voulait en venir.

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Petit bonus : dans les escalier, je croise un visage connu. J'ai à peine eu le temps de foncer pour échapper à celle que je venais de reconnaître comme étant une de mes anciennes élèves troisième. Et dehors, son frère et ses parents attendaient. Je n'ai pas trop traîné dans les parages. Non mais, croiser deux élèves à Paris, un jeudi soir, c'était tout de même hautement improbable!

24 octobre 2010

Couvertures de cuir et papiers oubliés

La voix du métro annonce que le trafic est interrompu sur ma ligne, dans ma direction, et juste sur le tronçon qui m'intéresse. Résignée, je m'apprête à rentrer à pied, quand mon cerveau me souffle que je pourrais peut-être prendre le bus. Sitôt dit, sitôt fait, me voilà à battre la semelle dans la foule qui a eu la même idée que mon cerveau.

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Prise d'une inspiration subite autant qu'irréfléchie – le propre de l'inspiration, dirai-je – je descend un arrêt plus tôt et m'en vais fureter au Marché du livre ancien et d'occasion. Coup de chance, c'est le week-end de la grande braderie. Une affichette annonce les livres à 1€, à 2€, une autre s'exclame « 5€ le kilo » et derrière, les livres s'alignent, ou s'entassent, c'est selon.

Sous la halle, le bruit des badauds est assourdi, comme avalé par toute cette quantité de papier. Livres de poche décrépis, livres presque neufs, sans doute des invendus, vieux exemplaires de journaux d'un autre siècle, bandes dessinés et comics, et surtout, ce qui m'hypnotise complètement, ces vieux volumes reliés cuir, dorés, aux couleurs fanées et aux tranches fatiguées, ces livres que j'ose à peine caresser du bout des doigts, tant est grande la peur qu'ils tombent en poussière au moindre contact.

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Mes yeux errent sur ces bibliothèques nomades, ces reliquats de librairies d'un autre temps, ces extraits d'un salon de l'aristocratie du siècle passé. Et je rêve à une bibliothèque courant sur les murs d'un grand bureau, murs blancs, moulures, petite cheminée parisienne, grande fenêtre, bibliothèque aux reflets mordorés de ces volumes au cuir rendu souple par l'usage, chaleur de ces bruns, de ces rouges, de ces verts. Auteurs inconnus et oubliés, ouvrages sans intérêt autre qu'esthétique.

J'ai commencé ma collection avec Cornélie, ou le latin sans pleurs et Eulalie, ou le grec sans larmes, deux petits livres cocasses aux dorures attrayantes et aux titres irrésistibles.

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