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Vous en parlerez à votre cheval...
24 janvier 2011

Le problème

Pièce de François Bégaudeau, avec Jacques Bonnaffé, Anaïs Demoustier, Emmanuelle Devos, Alexandre Lecroc.

Au théâtre, samedi soir. Une pièce qui ne m'a pas paru être du théâtre. Une pièce tellement criante de vérité qu'elle en était plus réelle que réaliste, qu'elle en était douloureuse jusqu'à me faire fondre en larmes avant la fin.

On est dans une maison. Un père et son fils travaillent. On entend une musique assourdissante provenant d'une autre pièce : c'est la fille. La mère rentre du travail. Rien ne laisse soupçonner qu'il s'est passé quelque chose dans cette famille banale.

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Pourtant. On comprend assez vite qu'il y a eu une lettre. Puis que la mère a décidé de quitter le « foyer ». Sans raison. Ou plutôt, pour des raisons qui n'en sont pas. Parce qu'elle en avait envie. Parce qu'elle se sent « plus désirée » ailleurs, là où son chef de service et amant l'attend.

Le père est accablé, et ne comprend pas. Il n'y a rien à comprendre d'ailleurs. Cette histoire est « banale » et il s'est pris la « médiocrité » de celle qu'il aimait en pleine face. Le fils veut comprendre, et à chaque raison que sa mère donne, il recentre la conversation : « ce n'est pas le problème ». La fille, elle, fait comme si de rien n'était. Au téléphone avec une copine, elle essaye de mettre au point sa dissertation de philo pour le lendemain : « La conscience est-elle un obstacle au bonheur? ». Tout ce qu'elle dit vouloir, c'est le bonheur de sa mère. Elle met la tête dans le sable, n'a pas lu la lettre et semble ne pas vouloir voir le fameux problème.

probleme3_615_frederic_iovinoJ'avais tellement l'impression de revivre cet été, même si les rôles étaient inversés! Tout, jusqu'aux chiffres, correspondait. Le milieu social était le même. Les réactions, les raisons, les comportements étaient comme du copié-collé de ce qu'on a vécu cet été. Le fils, normalien, 22 ans, prépare l'agrégation de philo. La fille, en terminale, prépare plus ou moins à contre-cœur le bac.. Vie de famille depuis 23 ans. Et puis d'un coup, plus rien. Tout s'efface, tout disparaît dans le néant.

Ceux qui voient dans cette pièce une ode à la liberté de la femme n'ont rien compris. Il s'agit simplement d'une histoire tristement banale, l'histoire d'un être profondément égoïste et pour qui le foyer et la famille ne représentent rien. Homme ou femme, qu'importe? Quand c'est une femme qui fait ça, on parle de liberté, quand c'est un homme, on dira de lui que c'est un salaud... Je suis désolée, la combat est le même, la situation est identique.

« Mais qu'est-ce que ça te fait que je m'en aille? » demande-t-elle à son fils. Ça fait. C'est tout. Impossible de dire quoi. C'est juste impossible à accepter. Même si on a 22 ans et qu'on ne va bientôt plus vivre à la maison. Et la fille, qui semblait si insouciante, sera celle qui déclare « ce sera bien si j'arrive à dormir une heure cette nuit », lors du départ de sa mère, à la fin. Blessure secrète et indicible, malgré tout.

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Commentaires
D
On croit souvent que le théâtre imite la vie. Bien sûr, c'est l'inverse, avec souvent le talent des acteurs en moins. Sinon, belle initiative, d'avoir demandé aux acteurs de mettre des vêtements qui se mariaient harmonieusement avec le fond de ton blog - mais c'est raté.<br /> On ne voit définitivement que les gambettes de madame Devos.
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