De la logique de l'administration de la Sorbonne
ou Du plaisir de multiplier les compléments du nom
Neuf heures tapantes, mercredi matin, nous débarquons dans le couloir du deuxième étage, escalier F, devant la salle 366 (parce que c'est logique, les salles 300 sont au deuxième étage). Quelques lettres classiques connus, d'autres fraîchement sortis du moule khâgneux. Et devant la salle voisine (368) des dizaines, des vingtaines et j'en passe, de lettres modernes, attendant fébrilement l'ouverture des inscriptions. Bien. La salle 366 est fermé, pas de panique, les tuteurs ne sont pas encore arrivés.
Les minutes passent. Un professeur arrive. C'est fermé? - Oui monsieur. - Attendez, je vais me renseigner. Manque de chance, la salle 366 n'a pas été prévue dans le programme. Tout se passe à côté. Comment? Vous voulez dire que depuis une demi-heure qu'on observe la file d'attente des lettres modernes enfler nous aurions dû y être aussi? Vous plaisantez j'espère! Quelques uns suivent la tutrice de grec (Désolée, nous n'avons pas encore les fiches d'inscription, le bureau de l'UFR est fermé, il faut attendre) et pénètrent dans la salle.
Hum. Des ordinateurs partout. Où faut-il aller? Finalement, nous avons une fiche. Ce sera simple. On rempli la fiche. Simple? Qui a dit que ce serait simple? L'administration fait tout ce qui est en son pouvoir pour perdre du temps, faire perdre du temps et compliquer les choses. C'est bien connu. C'est pourquoi, non content d'avoir rempli votre fiche en carton (bourrée d'erreurs, soit dit en passant – qui a déjà vu assez d'élèves dans la filière « linguistique et philologie » pour faire des groupes de TD?) vous devez faire la queue devant chaque ordinateur pour vous inscrire dans chaque UFR. Et oui. Parce que ce serait trop compliqué d'avoir plein d'ordinateurs, chacun capable d'inscrire un élève dans tous les UFR. C'est sûr, l'informatique n'a jamais été pensé pour simplifier les choses. Au lieu de ça, une trentaine d'élèves s'entassent dans une salle de classe et perdent un quart d'heure, voire une demi-heure, à chaque bureau.
Dix heures trente, je ressors, vidée mais inscrite et soulagée. C'est alors que je vois la Marmotte, au bout de la file d'attente. Mais que fais-tu là? - Ils m'ont refoulée. - Merde. Ben oui, c'est logique: les lettres classiques ont deux jours pour s'inscrire, quand les lettres modernes ont une semaine, et ils sont obligés de faire la queue (surtout que nos enseignements sont spécialisés, à l'exception de la littérature). Donc, ouvrir une salle pour nous, ce serait vraiment faire gagner du temps, et ça, ils ne veulent pas. Bref. Trois heures plus tard, sans exagérer, la Marmotte entre enfin dans la salle 368... il était temps!
Et lorsqu'elle ressort, elle m'annonce qu'elle a bien failli ne pas pouvoir s'inscrire en littérature (Les quotas de la matinée sont atteints, il faudra repasser à 14h...). Heureusement, elle a su plaider sa cause de pauvre classiqueuse éplorée et a eu gain de cause.
À quinze heures, j'étais de retour chez moi.