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Vous en parlerez à votre cheval...
6 septembre 2008

Chut!


Mon disque dur ronronne et mon ordinateur s'essouffle. Un papillon de nuit s'affole contre le plafonnier. Au loin, derrière la forêt, à côté de la prison, pétaradent les feux d'artifice de la Saint Gilles. Pourtant, le silence règne.

chutDepuis deux jours, la lettre Evene que je reçois se veut un hymne au silence. Curieuse, je suis allée jeter un coup d'œil sur le forum: que peuvent dire de beau les gens, sur un tel sujet? C'est la fin d'un article, qui m'a donné envie d'écrire. Le quidam s'exclamait que les jeunes aujourd'hui (toujours les jeunes! ils ont bon dos ces jeunes), avec leur mp3, ne savaient plus apprécier le silence. Cette critique banale, galvaudée, m'a fait revenir à l'esprit, je ne sais pourquoi, un cours de littérature d'hypokhâgne. Un cours sur le théâtre...

Le professeur gesticulant nous imite je ne sais quel épisode de la bataille d'Hernani. Et le voilà qui clame quelques vers, et qui mime une scène. Il n'arrête pas de s'agiter, tel un asticot au bout de l'hameçon. « Mais vous savez, à l'époque, c'était bruyant le théâtre! Les gens discutaient, mangeaient, se promenaient, n'hésitaient pas à siffler ou applaudir. Il faut vous exprimer quand vous allez au théâtre! Dire aux acteurs ce que vous pensez! »

C'est amusant, parce que cela a fait écho dans ma mémoire à un cours de philo (il me semble) (et non, je ne faisais pas que dormir en philo), ou le professeur parlait de la sacralisation du spectacle ou de quelque chose du genre. Quoi qu'il en soit, je me rappelle avoir entendu qu'il évoquait les gens qui se font fusiller du regard lorsqu'ils commentent, s'agitent dans la salle ou ont leur portable qui sonne. Celui qui a le malheur d'être enrhumé se fait tout petit dans son siège.

Je trouve que tout ceci est bien contradictoire. On veut du silence à tout prix, même dans les lieux de société, où l'on est censé donner son avis, s'exprimer. Pourtant, quand on va au théâtre, c'est toujours un peu exceptionnel. Les parents disaient qu'ils sortaient, et nous, enfants, comprenions « soir de fête ». Or « soir de fête » et « silence religieux » ne ressemblent guère à des synonymes. À croire que le silence s'est déplacé. Tout simplement.

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Commentaires
I
Certes. Il n'empêche qu'il y a quelques siècles, tout ce mêlait (sauf la sonnerie du téléphone ;)). L'ambiance ne devait pas être des plus agréables pour les acteurs, même s'ils devaient faire avec (je suppose). Cependant j'imagine que c'était une ambiance un peu "place du marché", et cela s'oppose totalement à l'état d'esprit dans lequel nous allons au théâtre aujourd'hui. Même si rires ou quolibets sont encore acceptés, et pris en compte. (Je suis d'accord pour le portable, cela dit.)
M
Je ne mettrais pas sur le même plan un commentaire (un rire !), qui montre que le spectateur est acteur aussi, ou un éternuement (irrépressible) et une sonnerie de portable (goujaterie).
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