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Vous en parlerez à votre cheval...
1 septembre 2008

Noces de diamant

Soixante ans de mariage, ça fait beaucoup. Pour marquer l'événement, mes grands-parents convièrent toute leur petite famille devenue grande en Indre-et-Loire. De deux, ils étaient désormais trente-sept, comme le fit si bien remarquer mon grand-père.

Tout commença par une réunion dans le jardin de la location d'été. Le beau temps était de la partie, heureusement. Dans le jardin, retrouvailles avec les cousins, oncles et tantes. La seule personne manquante nous rejoindrait le lendemain, pour le déjeuner. Pour une fois, je me laissai aller dans l'ambiance sans trop me poser de questions; peut-être était-ce l'air des vacances, ou l'atmosphère du jardin, mais le fait est que je me sentais bien, contrairement à la réunion de janvier chez mon oncle qui m'avait mis les nerfs à rude épreuve. Peut-être qu'à la campagne, on assume mieux ses choix? Peut-être que loin de tout, nos études revêtent moins d'importance qu'à Paris? Quoi qu'il en soit, avoir douze cousins-cousines, une sœur et un frère faisant des études scientifiques ou économiques ne m'embarrassa pas outre mesure cette fois-ci.

quizzJe me souviens, un jour je reçus un mail demandant à tous de préparer une petite animation pour la réception. Ayant en horreur ce genre d'activités, et estimant que la préparation des trente invitations plaiderait en ma faveur, je ne préparai rien. Le soir venu, mes cousines me supplièrent de leur venir en aide: elles avaient préparé un quizz géant mais avaient besoin d'aide pour le mettre en scène. Trois cousines, nous embauchâmes ensuite trois autres cousines et les trois cousins. Les questions, faciles évidemment, étaient autant de vieux souvenirs; beaucoup évoquaient le paradis qu'avait été le chalet à Saint Gervais, paradis aujourd'hui perdu. Les petites manies des grands-parents furent aussi rappelées au milieu des rires et des sourires.

Bref, cette soirée fut une réussite. D'autant plus qu'on ne sait jamais ce que l'avenir réserve et qu'il sera de plus en plus difficile de réunir tout le monde sans exception.

IleBLe deuxième acte fut la messe, déjà évoquée. Pourquoi une messe pour soixante ans de mariage? Je ne sais pas, et ne comprends pas. Une chose est sûre: elle m'a confortée dans mes idées. Je trouve ça choquant. En réalité, le plus choquant fut à la fin de la messe: une adoration à Marie, avec répétition de l'Ave Maria. Quel intérêt à une telle rigidité? Tout ça parce qu'il y a un siècle, la Vierge est apparue à trois petites filles, et leur a dit de prier pour la France et les Français. Excusez-moi, mais cela sent le nationalisme à plein nez, et ce culte marial est trop imprégné d'histoire pour être crédible. Déjà, les miracles me laissent de marbre, mais là, ils me font carrément rire. Depuis quand faut-il prier davantage pour la France que pour l'Humanité? Depuis quand Dieu, Jésus ou Marie préfèrent-ils un pays à un autre? Cela n'a aucun sens au regard d'une religion qui se veut universelle. Mais je vais arrêter là cet écart, et revenir à un point de la messe que j'ai trouvé particulièrement aberrant. « Laissez les enfant venir à moi. » Telles sont les paroles du Christ qu'a lues le prêtre. Et pendant le sermon, juste après, le voilà qui s'énerve tout seul et enjoint les parents d'un enfant bruyant à faire sortir le perturbateur. Certes, les cris résonnants dans l'église peuvent gêner, mais j'ai trouvé ça assez contradictoire avec le message qu'il était censé apporter aux fidèles...

7125_photo01Troisième acte, le déjeuner au restaurant. Les tables furent tirées au sort, et je me retrouvai rapidement entre une tante et le mari de ma marraine-cousine. À ma table, deux cousines, ma mère, une tante et un oncle par alliance. Repas excellent et quelques discussions intéressantes. Pas grand chose de plus. Et le soir, réception de toute la famille chez nous, dans notre maison de campagne. Parties de mah-jong avec les cousines, partie de Trivial poursuit avec qui voulait. Dîner pour trente-cinq, avec vingt couteaux, dix-huit fourchettes et quinze assiettes... ce fut épique!

J'en viens à la fin de ce week-end familial, mais je n'ai pas encore évoqué le « dortoir hanté ». Ma grand-mère, pensant bien faire, avait réservé un dortoir dans le château du coin, pour les sept cousines. Nous entrons dans le parc, traversons un jardin laissé à l'abandon, passons devant un château mangé de vigne-vierge, atteignons un petit pavillon. Nous passons les deux petites pièces qui sont la bibliothèque municipale du village, montons à l'étage et arrivons dans une grande pièce sous le toit. Les toiles d'araignée courent sous les lits de camp, dont les matelas creusés nous ferons passer une fort mauvaise nuit. Au fond de la pièce, un rideau qui donne sur une pièce abandonnée dont nous ne voyons pas le bout. Dans l'isolation, un loir. Dans le jardin, des bruits étranges. Et toutes les heures, une cousine qui demande « quelqu'un ne dort pas? ». Autant vous dire qu'à sept heure du matin, nous regardions notre montre en répétant « encore deux heures avant le petit-déjeuner »... Cela restera malgré tout un souvenir marquant!

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