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Vous en parlerez à votre cheval...
livres
24 octobre 2010

Couvertures de cuir et papiers oubliés

La voix du métro annonce que le trafic est interrompu sur ma ligne, dans ma direction, et juste sur le tronçon qui m'intéresse. Résignée, je m'apprête à rentrer à pied, quand mon cerveau me souffle que je pourrais peut-être prendre le bus. Sitôt dit, sitôt fait, me voilà à battre la semelle dans la foule qui a eu la même idée que mon cerveau.

Photo0502

Prise d'une inspiration subite autant qu'irréfléchie – le propre de l'inspiration, dirai-je – je descend un arrêt plus tôt et m'en vais fureter au Marché du livre ancien et d'occasion. Coup de chance, c'est le week-end de la grande braderie. Une affichette annonce les livres à 1€, à 2€, une autre s'exclame « 5€ le kilo » et derrière, les livres s'alignent, ou s'entassent, c'est selon.

Sous la halle, le bruit des badauds est assourdi, comme avalé par toute cette quantité de papier. Livres de poche décrépis, livres presque neufs, sans doute des invendus, vieux exemplaires de journaux d'un autre siècle, bandes dessinés et comics, et surtout, ce qui m'hypnotise complètement, ces vieux volumes reliés cuir, dorés, aux couleurs fanées et aux tranches fatiguées, ces livres que j'ose à peine caresser du bout des doigts, tant est grande la peur qu'ils tombent en poussière au moindre contact.

Photo0504

Mes yeux errent sur ces bibliothèques nomades, ces reliquats de librairies d'un autre temps, ces extraits d'un salon de l'aristocratie du siècle passé. Et je rêve à une bibliothèque courant sur les murs d'un grand bureau, murs blancs, moulures, petite cheminée parisienne, grande fenêtre, bibliothèque aux reflets mordorés de ces volumes au cuir rendu souple par l'usage, chaleur de ces bruns, de ces rouges, de ces verts. Auteurs inconnus et oubliés, ouvrages sans intérêt autre qu'esthétique.

J'ai commencé ma collection avec Cornélie, ou le latin sans pleurs et Eulalie, ou le grec sans larmes, deux petits livres cocasses aux dorures attrayantes et aux titres irrésistibles.

Corn_lie_ou_le_latin_sans_pleurs Eulalie_ou_le_grec_sans_larmes

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17 octobre 2010

Dépression et documentation

Vendredi. On nous annonce que le prof de l'après-midi est absent. De francs sourires s'étalent soudain sur nos visages. À midi, nous serons en week-end.

Après avoir déjeuné avec J. et pris le thé pendant que Mimy dévorait ses makis, je redescends vers Odéon et la ligne 4. Direction : le CDI. J'ai tout l'après-midi de libre, rien à faire chez moi à part écouter le plic-ploc de la fuite et dormir. Si c'est pour passer le reste de la journée sur internet, autant que ce soit pour enregistrer des livres dans la base de données.

Lorsque j'arrive, j'apprends que mon collègue s'en va, mais que je suis libre de laisser le CDI ouvert autant qu'il me plaira. Des 6ème me demandent à quelle heure ça ferme. Ils ont étude à 17h30. Très bien, je serai là.

Le silence est encore plus présent que le lundi matin. Il y fait aussi froid que chez moi. Mais peu importe : je m'attèle à la tâche. Je finis mon rangement des romans. Je libère de la place pour le théâtre et la poésie. Lorsque je regarde ma montre, il est presque dix-huit heures... Ne pas terminer mon tri me demande un gros effort, mais je finis par reposer les Psaumes de Claudel et enfiler ma veste. En passant, je jette un œil aux inscrits du futur club BD et grimace légèrement : il n'y a guère que des 6ème et des 5ème. Moi qui voulais de la variété, c'est pas gagné.

Dehors, le ciel est gris et plombé. Le périphérique est encombré, comme toujours à cette heure-ci. Le ciel donne l'impression qu'il va dévorer la ville : il est lourd, lourd, très lourd, et pèse sur mon estomac. J'ai très envie de pleurer, d'un coup, je ne sais pas pourquoi. Je ne me sens pas bien,il fait froid.

Ce soir, après une longue conversation téléphonique avec la mother, je pleurerai longtemps, songeant douloureusement que ma sœur me manque, et que ce n'est pas dans une semaine que je veux la voir mais tout de suite, que mon père me manque, et que je ne suis pas sûre de pouvoir le revoir un jour comme je le voyais avant.

Finalement, c'est épuisée et sur le chapitre 2 de Harry Potter and the Chamber of Secrets que je m'endors, le nez bouché et les yeux rougis.

8 octobre 2010

Havre de paix

Dans mon appartement, la fuite, la vaisselle sale, le ménage, les vêtements et le bureau qui déborde. Les problèmes d’APL, de loyer, d’assurance. Toujours téléphoner, toujours être aux aguets. La patience s’use. J’ai besoin de paix.

Alors ce matin, j’ai pris le tram plus tôt que prévu. J’étais attendue à onze heures pour les soutenances de stage à la fac. A neuf heures j’étais lové dans le CDI.

A cette heure-ci, il est fermé le jeudi. Ce n’est pas mon horaire, et mon collègue est en cours. Je tourne ma clef dans le serrure et j’entre. L’air est froid et humide et empli d’une très forte odeur de poussière et de vieux livre. Les murs gris. Pas de lumière.

Je suis épuisée. Deux nuits que je ne dors pas. Mon cerveau est en mode automatique. Je m’installe au bureau et commence, dans un mouvement mécanique, à enregistrer les nouveaux exemplaires de One Piece et Tir Nan Og dans la base de données.

A onze heures un peu passées, je suis à Saint-Michel. Puis, le cours de l’après-midi a été supprimé. Ni une ni deux, je retourne au CDI. Il y a du monde, mais je n’entends même plus le vague brouhaha des élèves.

Ici, mon travail est apprécié. A deux cents pour cent. Alors pourquoi me priverai-je de ce qui me plaît? Je fais des heures sup’ non payées, mais je n’en ai cure. Je me paye moi-même en calme et apaisement. Je me sens bien, là, dans ce froid, ce gris et ces livres. Je suis un peu dans mon domaine. Ou du moins, dans le royaume de mon collègue, qui m’en a laissé les clefs, et tous les droits.

Là, j’oublie l’administration, j’oublie la plomberie, j’oublie le téléphone. Et je tourne les pages jaunies des ouvrages trop vieux. Et je me fais un plaisir d’offrir Death Note et Nils Hazard aux élèves...

6 octobre 2010

Trouvaille

Après Le métier de femme et La vache, noble servante, j'ai trouvé dans ma caverne d'Ali Baba un livre qui m'a rappelé les cours d'histoire d'hypokhâgne... Voyez plutôt:

CDI2

Preuve que ce CDI était très fréquenté:

CDI1

Et enfin, en cherchant au hasard des pages quelque chose que je pourrai mettre en illustration sur ce blog, j'ai trouvé (clique pour agrandir):

CDI3

5 octobre 2010

Écarlate

Je n'arriverai pas à dormir cette nuit. Ou plutôt, si, je finirai par m'endormir, comme chaque soir, mais rongée par l'angoisse, les dents serrées et grinçant, me mordant la langue. Le ventre noué, les intestins entortillés, les sourcils froncés par l'anxiété.

Que va-t-il advenir? Comment cela va-t-il se passer? Cela va-t-il se régler vite? Autant de questions sans réponse. Ma mère me renvoie à mon père. Mon père n'est pas là et ne pourra s'occuper de ça que plus tard. Alors je n'ai plus qu'à me débrouiller par mes propres moyens, comme souvent depuis plusieurs mois.

Le téléphone est devenu la personne la plus fiable de mon entourage. En septembre, c'était pour l'assurance, le propriétaire, le syndic, la mutuelle, l'université. Demain matin, ce sera pour la CAF et la banque.

La banque. Pourvu qu'elle ne bloque pas ma carte bleue! Les pires scenarii s'offrent à mon imagination devenue trop fertile cette nuit. Les antécédents parentaux me préviennent qu'on peut s'attendre au pire avec de tels requins. Le sourire carnassier du conseiller s'élargit derrière mes paupières closes et alourdies de larmes angoissées.

Je n'arriverai pas à dormir cette nuit. La lumière rouge du moins devant les centaines, sur mon relevé de compte m'en empêchera.

***

Les_cinq__cus_de_BretagneEn attendant, je mets en place l'organisation d'un club BD au collège. Même s'il ne voit jamais le jour, il aura au moins eu le mérite de me changer les idées cette nuit.

Je suis censée préparer les exercices de conjugaison, mais impossible de me concentrer sur ce genre de chose.

Je m'en vais terminer Les cinq écus de Bretagne - je ne compte plus le nombre de lectures qu'a subi ce vieux Livre de poche dont les pages jaunis se détachent toutes seules! Philippa doit être la seule personne qui arrive encore à me faire rêver en ce moment... (Oui, Philippa est une personne, dans mon esprit brumeux et rongé de fatigue.)

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4 octobre 2010

Du bonheur de trier des livres

Ce matin, une indéfectible bonne humeur m’habitait. J’avais écouté “Lemon tree” sur toute la durée du trajet, et j’allais m'emmitoufler dans le silence et la poussière du CDI. J’allais avoir quelques heures rien que pour trier des livres et mettre de l’ordre dans des bibliothèques! Ô joie félicitesque! (En plus, j’en suis au rayon littérature, où on ne jette rien - à l’exception de quelques vieux Larousse violets et dépiautés.)

Une impression de “oh... c’est déjà fini” s’est emparée de moi lorsque j’ai quitté le collège, tout à l’heure. Parce que quatre heures de CDI, c’est trop court. Et maintenant, je vais devoir patienter jusqu’à lundi prochain pour continuer mon rangement et mon tri. Lundi prochain me semble à une éternité de maintenant!

Heureusement, mon collègue prend soin de mon enthousiasme et m’a confié l’achat de quelques bouquins. C’est pourquoi, cette semaine, entre deux heures de cours à la fac, j’irai traîner mes guêtres chez Gibert.

(Et quand j’ai vu qu’à la fin de sa liste, il avait ajouté mangas/BD, je ne me suis plus sentie de joie! Un immense couinement s’est élevé en moi! C’est qu’il ne sait pas à qui il a affaire, le pauvre! Bientôt dans nos rayons De cape et de croc et Blacksad! On va redonner un peu de jeunesse à ce CDI, que diable!)

(Et mes nouveautés ont eu du succès: aujourd’hui sont partis Oh boy! et Complot à Versailles^^)

((PS: c’est impressionnant la quantité de Claudel qu’on trouve dans ce collège! Claudel et Péguy...))

23 janvier 2007

De magia verborum

djinn2Démon ou farfadet,
Je ne sais.
Informe, ambigu, il
Négocie avec votre âme.
Noir ou blanc,
Sait-on jamais?

Un tout petit mot, cinq lettres insignifiantes. Et pourtant, tout un monde contenu dans cette simple graphie, cette sonorité si exotique. Ce mot qui résonne, tinte à mes oreilles. Un grelot, des bracelets d'argent qui s'entrechoquent sur une peau mate. Une première vision, puis une seconde. Un lutin facétieux qui joue des tours, un esprit incarné dans le corps d'une courtisane. Des couleurs chaudes, des parfums épicés. La fraîcheur d'une oasis, l'ombre d'arbres aux essences étrangères.

Des Z, Y, W, N, J et D qui s'additionnent sur ma réglette. C'est à moi de jouer. Que faire? Pas une seule voyelle à l'horizon. L'idée frappe tel l'éclair. Une vision. Il faut que je vérifie. 'Djinn'; mot compte double. Le lutin est alors un petit génie sympathique. J'adopte ce mot aux lettres rares et aux consonances si légères.

Une femme. Des voiles. Un trait sûr, simple et pur. Des couleurs chatoyantes. Irrésistiblement, je suis attirée. J'égraine les pages, je feuillette. J'achète. Je lis, je dévore. Une femme, habitée par un djinn. Un drôle de pouvoir: elle est incapable d'éprouver le moindre sentiment. Puis son démon la trahit et elle est prise à son propre jeu. Je n'en aime ce mot que davantage.

Un mot rare, oriental, coloré, chaleureux. Un simple mot, tout petit, à deux facettes. Un mot scintillant. Un mot magique...

ICI, un poème de Victor Hugo, assez impressionnant, intitulé "Djinns".

6 janvier 2007

Quand le nouveau donne accès à l'ancien.

Hier, après déjeuner, je suis partie avec ma sœur chez ma grand-mère. Pour la première fois, j'ai pris le volant, seule, sans personne à côté pour m'aider en cas de besoin, seulement ma sœur qui connaissait le chemin aussi bien que moi. (Quand je pense que la Mother est partie à Perpette en embarquant les papiers de la voiture! Pour compenser, elle a réussi à nous les scanner de là où elle était et j'ai pu les imprimer avant de partir. Faut quand être un peu (beaucoup) boulet pour partir en train et prendre avec soi les papiers de la voiture que l'on sait que sa fille va conduire!) Nous avons fait tout le trajet grâce à notre mémoire visuelle. On tourne là? - J'en sais rien. Vas-y, on verra bien. Finalement, nous sommes arrivées saines et sauves une heure après.

002Petite séance cinéma avec Mamie: Happy feet fut le film élu. Quelques sourires, quelques larmes, beaucoup de morale; un film très américain somme toute. Puis arpentage des larges allées du centre commercial immense. Nous finissons par rentrer tranquillement. Après dîner, je m'endors gentiment sur mon thème latin, dans le canapé du salon. Je monte alors pour me coucher, mais ne peux m'empêcher d'aller fouiner dans la bibliothèque. Et là, je vois l'œuvre de François Mauriac dans son intégralité, ainsi que tout Zola et Balzac... Beaudelaire et Verleine n'y sont plus parce qu'ils trônent en ce moment dans ma propre bibliothèque. Après ces visions de rêve (une telle quantité de livres m'a toujours rappelé La Belle et la Bête de Disney) et de cauchemar en même temps (mon Dieu, dire que je dois encore lire La Chartreuse de Parme et Les Misérables avant lundi!!!), je me suis endormie sereinement.

Ce matin,  départ pour Bonny. Premier arrêt: achat de pommes. Deuxième arrêt: le cimetière; nettoyage de la tombe de Papy et ma grand-mère nous montre celles de ses parents, grands-parents, oncles, tantes, cousins etc. La famille semble avoir envahi le cimetière! Troisième arrêt: une amie de ma grand-mère. Quatrième arrêt: sa demi-sœur. Cinquième et dernier arrêt: chez notre grand-oncle (frère de ma grand-mère) et sa femme pour le déjeuner. Discussions autour d'étymologies étranges, de maladies graves (en fait, de la santé d'amis à eux), de la vieillesse, du permis de conduire et de leur propre apprentissage de la conduite, de leurs souvenirs... ma sœur et moi parlons peu, mais j'ouvre tout grand mes oreilles. J'apprends que Mamie et son frère possèdent des îles sur la Loire (!) et ne parviennent pas à les vendre, ainsi que quelques expressions berrichonnes comme « vas cri l'sio d'eau pour les vio et n'oublie pas de fermer l'bario » (ne pas oublier de rouler les r – traduction « vas chercher le seau d'eau pour les veaux et n''oublie pas de fermer la clôture ») ou la "chieuv" pour la chèvre.

Retour au bercail plutôt difficile: il faisait nuit, il pleuvait, j'avais mal au crâne et pour arranger le tout, il y avait un monde fou sur la route! Un accident m'a permis de passer devant un panneau '110 rappel' à 20km/h... Finalement, après quelques hésitations sur la route à prendre et quelques frayeurs dues à la très mauvaise visibilité, nous sommes rentrées entières à la maison où nous ''attendaient'' un père jouant au poker sur l'ordinateur et un frère vautré dans le canapé devant sa X-box toute neuve... Pas de nouvelles de la mère, partie vendredi à l'autre bout de la France sans autres explications que « Je vais prendre l'air ». Ô joie!

1 décembre 2006

Ombres chinoises

GU90346_4Intangibles, immatérielles elles se meuvent avec lenteur, avec langueur sur le plafond de ma chambre. Furtives. Mon œil aux aguets capture un éclat d'écarlate, un morceau de ciel, une palme, l'or d'un vêtement. Mais à peine effleurées, elles s'évanouissent, elles s'évaporent.
Voilà désormais qu'un fragment de lumière est entré dans mon œil. Il y reste prisonnier. Un tesson de rire cristallin qui éclaire mes yeux. Cette agréable sensation qu'il y restera, ce petit bout de lumière, dans mon iris. Mais la couleur s'affadit. Mon œil est toujours brillant, mais ce sont des larmes qui perlent au bord de mes cils. Mes yeux sont gris...

cavalier_jardin_du_carrousel"Si on bougeait la lanterne, je distinguais le cheval de Golo qui continuait à s'avancer sur les rideaux de la fenêtre, se bombant de leurs plis, descendant dans leurs fentes. Le corps de Golo lui-même, d'une essence aussi surnaturelle que celui de se monture, s'arrangeait de tout obstacle matériel, de tout objet gênant en le prenant comme ossature et en se le rendant intérieur, fût-ce le bouton de la porte sur lequel s'adaptait aussitôt et surnageait invinciblement sa robe rouge ou sa figure pâle toujours aussi noble et aussi mélancolique, mais qui ne laissait paraître aucun trouble de cette transverbération."

4 octobre 2006

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P1010017

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