Cure de Jouvence - part one
Des souvenirs d'enfance, plus ou moins identifiés, gravitent encore dans ma mémoire. Des morceaux de contes, associés à des lieux, à certaines personnes, à des circonstances. L'histoire de la princesse enfermée dans une tour, cette princesse aux cheveux interminables, reste associée à ces fiches rangées dans une boîte, que la voisine de ma grand-mère, dans le midi, nous avait offertes, à ma sœur et moi. J'ai oublié son nom, mais me souviens de l'histoire.
Et surtout, le plaisir de voir un film d'animation où on rit, on pleure (personne ne se moque: oui j'ai pleuré devant Raiponce), où on retrouve son âme d'enfant. Une espèce d'entrain de gamine m'a saisie quand je suis sortie de la salle. Sans doute l'esprit pas trop sérieux, le graphisme magnifique (n'ayons pas peur des mots) et les personnages tous plus réussis les uns que les autres m'ont-il permis d'apprécier le film avec un regard moins critique et d'oublier rapidement les chansons cucul-la-praline et la musique peu originale.
Pour revenir sur le graphisme, je veux préciser qu'il est
vraiment réussi. Certes, il n'est pas follement original, mais on
retrouve la beauté des décors que l'on attend d'un vrai conte de
fées: cascades, clairières semées de fleurs, arbres millénaires,
ville au château immense. Quant aux personnages, ils sont tous
beaux. Même les méchants ont quelque chose de très réaliste dans
leur démarche (les deux frères roux sont particulièrement
frappants). (Et Flynn ressemble au copain de ma sœur... c'est
étrange comme impression.)
S'il ne reste pas vraiment de répliques cultes, on retiendra néanmoins les références multiples tant aux autres histoires déjà traitées par Disney qu'à de grands classiques du cinéma. L'anti-héros boulet mais attachant, prénommé Flynn, et dont la tête est placardé partout dans la forêt, n'est pas sans rappeler Erol Flynn dans son rôle de Robin des Bois. Sa séance de chapardage avec envol sur les toits fait penser à Aladdin, la sorcière a des airs de Reine de Blanche-Neige, Raiponce une touche de Princesse Aurore et de Cendrillon, l'auberge du Canard Boîteux, des accents de tavernes maintes fois entendus. Mais tout est pris en décalé, ou est souligné, et pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai eu l'impression que les studios Disney avaient appris le sens d'« autodérision ».
Flynn s'appelle en fait Eugène: on était fait pour s'entendre lui et moi. Le cheval qui se prend pour un chien de chasse – scènes hilarantes à l'appui – n'a d'autre nom que Maximus!
Et puis, l'histoire commence sur une larme de soleil, poésie depuis trop longtemps délaissée par les créateurs de dessins animés, enfin remise au goût du jour.