L'Autre Monde, ou les états et empires de la Lune
Vendredi soir, toujours, après l'exposition à Neuilly, nous sommes allées, ma soeur et moi, à l'Athénée, où nous avions rendez-vous avec Cécile. Logées comme des reines (loge de face, ça n'est pas donné à tout le monde), nous nous sommes régalées d'un texte tout à la fois drôle, moderne, épique et j'en passe, et d'une mise en scène simple et extrêmement réussie.
Eclairage à la bougie, uniquement: les feux de la rampe sont à prendre au premier degré et illuminent deux musiciens éclairés par trois lanternes, ainsi que l'acteur qui promènent sa bougie sur les planches. Ledit acteur, seul, récite, joue, vit son texte pendant plus d'une heure et demie, sans pause. Il dialogue avec la viole de gambe, le luth, le théorbe, la guitare. Des cordes aux sons envoûtants, amusants, guillerets, graves.
Le texte de Cyrano de Bergerac et les accents du français classique restitué roucoulent. J'avais oublié à quel point j'aime qu'on me raconte des histoires! Et Benjamen Lazar, quel acteur!
Quant à l'histoire, rocambolesque à souhait. Persuadé que la Lune est un univers semblable à la Terre, le narrateur tente diverses expériences pour y accéder: ceinture de fioles de rosée, machine volante, moelle de boeuf... Lorsqu'il parvient enfin sur l'astre lunaire, non sans quelques détours scientifiques et géographiques, il découvre les us et coutumes des habitant de la Lune. Entre Micromégas de Voltaire et Les Voyages de Gulliver de Swift, on repère rapidement les éléments adaptés dans De Cape et de Crocs. Les univers et les fictions se mélangent. La description des langues parlées sur la Lune m'enchante au plus haut point (les Sélénites ne parlent pas un langage articulé, mais font de la musique... les langues sifflées ne sont pas loin).
Bref, une aventure assez magique !