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Vous en parlerez à votre cheval...
10 janvier 2008

Libera nos a furore Normannorum!

Sans cesse entre rire et larmes depuis quelques jours. Insomnies chroniques, à croire que plus je suis fatiguée, moins je n'arrive à dormir. Bonnes notes en pagaille, c'est trop beau pour durer. Dans ces moments-là, je revois ma treizième place de premier concours blanc, puis la danse du trois, qui prit la tête pour le deuxième. Contentement et appréhension mêlés: cela va-t-il durer? Ma Fortune ne risque-t-elle pas de s'acoquiner avec celle de Lucius et, sinon de me transformer en âne, du moins de me laisser tomber au moment des examens déterminants? Au plus profond de moi, une espèce de nœud. Une envie irrépressible de chocolat, un besoin essentiel de thé, encore et encore. À côté de ça, la réalité de mon corps qui ne supporte plus les nuits de trois heures, mes yeux qui peinent à rester ouverts, la migraine qui menace à longueur de journée telle le fer au-dessus de la nuque de Damoclès.

Quand j'entrevois entre mes doigts écartés la silhouette de deux chiffres dont le rouge agresse ma pupille dilatée, une sorte d'incompréhension euphorique me fait monter les larmes aux yeux. Une espèce de rictus nerveux envahit ma bouche et je reste hébétée devant ma copie. Alors d'un coups, comme si la jubilation m'avait vidée de mes dernières forces, la fatigue s'empare de moi, s'abat lourdement sur mes épaules et m'oppresse, vainqueur.

D'autre fois, c'est l'inverse: je somnole tranquillement sur mes notes quand le professeur nous distribue l'extrait d'un auteur dont le nom résonne à mes oreilles: Polybe. Polybe. Polybe. À cause de lui, je me suis crevé les yeux sur mon écran jusqu'à des heures indues pour en savoir un peu plus sur la mort d'Archimède, sur le siège de Syracuse, sur Hiéronyme. Les souvenirs sont frais. Je suis contente de voir que mes recherches ont servi. Le professeur commence la lecture de la voix douce, en une sorte de berceuse. Il nous conte l'histoire de cet homme qui se lia d'amitié avec Scipion Emilien. Le texte avance, mes idées s'agitent, mon esprit mal tourné aussi; le texte avance et ne fait que m'encourager dans ma voie. Je n'y tiens plus: j'observe attentivement la photocopie. P.1101, Histoire ed. La Pléiade. Ce n'est pas moi, c'est le texte. Je vois double tout d'un coup, et intérieurement, je souris jusqu'aux oreilles. Crise de jalousie: mon ricanement bête résonne dans la boîte vide de mon cerveau. En sortant de cours, j'aurai l'envie saugrenue d'écrire une fic sur des auteurs grecs et des hommes politiques latins. Je ne sens plus ma fatigue: je suis légère et souriante.

Lorsqu'en thème latin je comprends non solum qu'il faut savoir traire les brebis et faire du fromage, sed etiam connaître l'histoire de la prison et de l'incarcération pour éviter les md et tmd qui jalonnent mes copies, la fatigue revient à l'assaut. Et je ris silencieusement. Et je baille. À tel point que mes yeux pleurent.

Une pensée pour melendili en écrivant Rogerius, rex Siculorum. Une autre pour el Teckel en traduisant un texte grec sur « l'amour discret unissant Achille et Patrocle » (dixit M. le professeur, traduisant la pensée de célèbre Eschine). Une pour Lu et Mimy en discutant avec une fan de Hegel et de Benjamin (preuve que l'on trouve tout en Lettres Classiques). Une autre pour la Chaussette en révisant ma culture gé, mélangeant allègrement dates et générations d'empereurs.

Bref, une bonne semaine, malgré le manque de sommeil flagrant et le devoir d'histoire latine qui m'attend demain matin. Je pense bien à vous,

Inci

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Commentaires
O
Eh bien pour moi, ce fut == surtout == un voyage, bien que curieux des questions qu'il nous fallait traiter (la colonisation grecque, un cas d'urbanisme méditerranéen pour lequel je m'étais d'ailleurs tapé pour le groupe la traduction d'un pavé jargonesque en italien, et puis je-ne-sais-plus quels gens de lettres venus s'égarer par là).<br /> <br /> Les Normands en Sicile : un "tout petit bout du programme" ? Je rêve. C'est une période majeure de l'histoire de l'Humanité.<br /> <br /> Par ailleurs Incinatus, et bien que je ne tienne pas tant que ça à vous faire boire (en même temps, je suis attaché à ce que votre focalisation du moment ne vous fasse pas oublier les bonnes choses de la vie, au-delà des sucreries s'entend), le whiskey peut aussi se consommer sous la forme, à la fois célèbre et chic, du Manhattan (avec un peu de Vermouth et de liqueur de cerise, et beaucoup de glace). Utiliser un Maker's Mark - un bourbon du Kentucky. Rafraîchissant et délicieux.<br /> <br /> Qui sait, un jour peut-être, pour fêter une bonne nouvelle...
I
Mais Hegel EST macabre chère Mimy! C'est même pire que Roger. Seulement, il ne fait pas de latin... Mais peu importe. Tu préfèrerais que je pense à toi quand je vais acheter un pain au chocolat à la cafétéria? XD Ou quand je m'avale une demi-tablette de chocolat tous les soirs, avant de passer aux bonbons à la violette? Et puis, c'est TOI qui a choisi l'option philo, ce n'est pas moi ^^<br /> Je t'envoie virtuellement plein de bisous sucrés dear Mimy, et bon courage pour ta khôlle!
I
Voyage savant, mais voyage quand même! Et puis, les Normands de Sicile, c'était un tout petit bout du programme, à côté des mosaïque romaines et d'Archimède à Syracuse!<br /> Le whiskey pour dormir? Très peu pour moi: je préfère un bon lait chaud avec du rhum, et le tout très sucré! ^^
M
Pourquoi Melendili a droit à des histoires délicieusement macabres et que je dois me coltiner Hegel ? - mais merci quand même pour la petite pensée, d'autant plus que tu me fais ressouvenir de l'existence de ce cher Walter Benjamin qui pourrait m'être fort utile pour ma khôlle à venir...<br /> Sur ce, dors bien !
O
Je n'y crois pas : à vous aussi on a fait le coup du voyage savant en Sicile ? Ah, les vaches ! Et sinon, je suis d'une famille mi-normande, mi-italienne : le côté Michael torture, la branche Roger achève. Tellement chaleureux. Je me suis aussi, plus jeune, acoquiné avec la Sicile. Comme quoi. Mais je me demande bien pourquoi je vous raconte tout ça. Ah si, j'avais commencé à travailler à un projet de roman normando-sicilien épique et votre note, tout à coup, m'y a fait repenser. Pour le sommeil, il y a aussi l'option vieux whiskey du Tennessee, mais c'est un peu une boisson d'homme tout de même... Anyway, vous méritez de beaux rêves ;)
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