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Vous en parlerez à votre cheval...

8 juin 2011

Passe-Muraille

Découvert au hasard de mes errances sur la toile, un artiste pas ordinaire.

Un homme qui a inventé la cape d'invisibilité, un homme qui a le pouvoir de se fondre dans les murs, un homme qui se fait caméléon.

Liu Bolin, artiste chinois, sculpteur de son état, a fait de lui-même son support. Si j'ai bien compris les quelques informations que j'ai glanées sur lui, il a commencé ses peintures lorsque le quartier d'artistes dans lequel il résidait a été détruit.

Son procédé ? Sa personne devient le support d'un trompe-l'oeil à taille humaine. Sur ses vêtements, un assistant reproduit le décors, de façon à ce qu'il disparaisse entièrement. Le résultat est immortalisé par une photographie, et le tout est proprement effarant.

Voyez plutôt :

Hiding_in_the_City__Dragon_Series__No_6_on_9_pannels

Piazza_San_Marco__2010_

Hiding_in_the_City_No_71__Bulldozer

Il m'a fallu du temps pour le trouver dissimulé dans le bulldozer...

Family

La photo de cette famille, engloûtie par le rouge du drapeau chinois, est, je trouve, particulièrement oppressante...

People_s_Policeman

L'homme invisible est parmi nous !

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7 juin 2011

Papa et maman sont dans un bateau

Dernier titre de Marie-Aude Murail que j'ai lu. Une nouvelle perle. Petite merveille de réalisme et de poésie, de cynisme et de beauté. C'est tendre et cruel tout à la fois. Les personnages parlent tous. On se reconnaît un peu en chacun.

papa_et_maman_sont_dans_un_bateau

Le petit, surdoué, un an d'avance, dont les grands de l'école se moquent, et qui admire son papa éperdument. Lui qui aurait tant de choses à raconter, personne n'a le temps de l'écouter.

L'adolescente, qui vit ses propres fantasmes et passe sa vie plongée dans ses mangas. Histoires tordues et personnages ambigus. C'est une fille, mais elle se dissimule dans ses sweatshirts et veut qu'on l'appelle Charlie. Elle ne sait pas qui elle veut être, ce qu'elle veut être, et pour ne pas y penser, elle lit. Et imagine.

Le père, directeur d'agence d'une compagnie de transports routiers qui vient de se faire racheter par une grosse boite, subit la restructuration de plein fouet. Quand l'inhumanité vient tout foutre en l'air.

Et la mère, institutrice en maternelle, fatiguée, qui n'a pas le temps pour ses propres enfants, pas même le temps de leur dire qu'elle les aime.

Un fond de quotidien qui use. Un quotidien tellement vrai qu'il en est palpable. Un sentiment qui étreint le coeur à chaque ligne, à chaque phrase. Les mots sont douloureux. La réalité est douloureuse.

Marie-Aude Murail fait se côtoyer cette sensibilité avec le sarcasme, la parodie, le cynisme. Les critiques fusent à tous les étages - société de consommation, pédagogie-démagogie, adolescence - et les mots sont souvent mordants. Drôles aussi.

Comme toujours dans ses livres, on pleure, on rit, on éclate en sanglots, on sourit. Et la fin nous emplit d'espoir.

7 juin 2011

Comme ivre

La tête qui donne l'impression qu'elle va imploser. La barre au-dessus des yeux, comme si les ouvrir relevait de l'impossible. Métaphore de la cocotte-minute, du marteau. Toutes se valent, et pas une ne décrit vraiment la migraine.

Le cachet dans un verre, le Coca dans un autre. Le mélange détonnant de la caféine et de l'aspirine. La douleur va se calmer, finalement.

La fatigue. La peur d'oublier quelque chose. Penser à se lever à l'heure. Penser aux cours particuliers. Penser à corriger les copies. Penser que les conseils de classe approchent. Penser à prévenir de mon absence telle date. Penser à aller déjeuner avec le père. Penser à préparer ceci ou cela. Penser à poster la lettre pour l'assurance. Penser à l'année prochaine. Penser aux vacances.

Je me donne mille choses à faire pour ne pas penser aux révisions. Les partiels approchent. Sur les deux semaines et demie de révisions, il n'en reste qu'une, et je n'ai pas commencé. Un projet à rendre pour dans trois jours. Des cours à rattraper. Plein.

Alors je mange. Le sucre coule dans mes veines et m'alourdit. Comme si j'avais bu. Je me sens engourdie, un peu vacillante. Je ne supporte pas le sucre, mais j'aime ça. Il y en a qui fument, d'autres qui boivent. Je mange de la confiture ou du chocolat.

Puis je culpabilise. Alors pour enfouir ce sentiment, je regarde le rayon de soleil percer le ciel de plomb et saupoudrer les acacias devant ma fenêtre. Et j'écoute Andréas Scholl qui chante le Stabat Mater. Vivaldi. La panacée.

6 juin 2011

Crise de larmes

Marie-Aude Murail, Papa et maman sont dans un bateau, édition L'école des loisirs, page 162 :

La nuit précédente, il avait entendu papa crier : "J'en ai marre de cette vie de con ! Je voudrais être ailleurs, ailleurs !", il avait entendu maman lui répondre : "Pars, va-t-en !" Il avait appelé papa et papa l'avait sorti du lit et pris dans ses bras.

- Tu as fait un cauchemar, bonhomme ?

- Oui.

- Toujours tes fichus robots ?

- Oui...

Il avait enfoui sa tête dans le cou de papa, là où le sang battait tout chaud, et il avait murmuré passionnément :

- Pars pas.

Et là, j'ai fondu en larmes. Il est bientôt trois heures de matin, et je fonds en larmes en lisant ces quelques phrases, dans un bouquin pour collégiens.

Dehors l'air est frais. La pluie a cessé. J'ai les yeux gonflés de sommeil et de larmes, et le nez bouché. J'aimerais avoir l'âge d'Esteban et encore un père que je pourrais supplier : "Pars pas."

1 juin 2011

Frasques divines

EDIT: Je viens de me rendre compte, en précisant les titres, peintres et musées des tableaux, que je les avais tous vus en vrai, à l'exception de Leda... mais je trouve que ce Véronèse est une bonne raison pour aller à Ajaccio, non ?

Comment conserver l'attention de ses trente-moins-quelques-absents élèves en un jour ensoleillé, alors que la fin de l'année est proche-même-si-pas-tant-que-ça ? Le programme que j'avais prévu au tout début de l'année m'y aide beaucoup, puisque c'est l'époque de la « Religion romaine ».

Il m'a suffi d'adapter la civilisation en « Histoires mythologiques sur les dieux romains » ou même mieux, en « Potins olympiens et rumeurs divines » (titre que j'aurais dû leur faire écrire dans leur classeur, tiens). Et les voilà, estomaqués devant toutes les « horreurs » que recèle la mythologie (selon eux).

Commencer par les traumatiser en leur parlant de Saturne qui dévore ses enfants et en leur faisant comparer les œuvres de Goya et de Rubens (en grand écran sur le tableau numérique, s'il-vous-plaît), c'était une très bonne idée.

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Saturne dévorant un de ses enfants, Francisco Goya (Musée du Prado, Madrid)
Saturne dévorant un de ses fils
, Pierre-Paul Rubens (Musée du Prado, Madrid)

Puis on enchaîne avec la naissance de Vénus (je n'ai pas assumé jusqu'au bout et me suis contentée du « sang d'Uranus tombé dans la mer »). Je me permets un tableau un peu plus osé que Botticelli (auquel ils n'échappent pas, parce que Botticelli, je l'aime). C'est là qu'un élève demande ingénument « Elle n'avait pas de sexe Aphrodite ? ». Et moi de le regarder avec des yeux ronds, ne voyant pas où il veut en venir. Jusqu'à ce que je comprenne qu'il veut parler d'Hermaphrodite, et non de sa mère. Je me permet alors un petit crochet sur cette belle légende.

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La Naissance de Vénus, Alexandre Cabanel (Musée d'Orsay)

Après cela, Vesta, Cérès, Proserpine, comment Zeus trompe sa sœur et épouse avec son autre sœur... Neptune et ses colères terribles, la naissance de Pégase. « Madame, comment ça s'appelle un cheval avec une tête d'homme, déjà ? - Un centaure. - Ah oui ! Mais ça existe en vrai ? » Ouh là ! Il est temps de faire un rappel : « Sirènes, centaures et licornes n'existent pas. C'est de la my-tho-lo-gie. »

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Leda et le cygne, Paolo Véronèse (Musée Fesch, Ajaccio)

Ils y ont échappé...

Lorsqu'on passe aux frasques de Jupiter, s'élèvent les gloussements qui se veulent indignés des filles et les regards sceptiques des garçons. Genre se transformer en taureau c'est une bonne méthode de drague. Bref. Je vais attaquer les amours d'Apollon le loser, et fais ma petite transition grâce à Ganymède. Huhu. Et là, cris outrés et rires incrédules. J'ai beau dire que ça n'a pas d'importance, ils ne peuvent retenir leurs grimaces. Coup de grâce avec Cyparissos et Hyacinthe.

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Danae, Gustav Klimt (Leopoldmuseum, Vienne)

Ils n'y ont pas échappé.

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30 mai 2011

Vide grenier

Vaisselle dépareillée, objets décoratifs hideux, jouets poussiéreux, DVD frelatés, disques vinyles, petites voitures dont le propriétaire a grandi, vases ébréchés, naperons affreux, bibelots en tous genres que l'on n'a pas eu le courage de jeter.

Les smalas déambulent et tentent de tout arracher pour quelques centimes, les blondinets hauts comme trois pommes s'émerveillent devant le robot démontable et sortent, tout timides, leur pièce de 1€ de leur poche, les petites filles supplient leur mère en se pendant au landeau mais l'autorité maternelle décrète qu'il n'y a pas assez de place dans la maison, les vieilles dames cherchent des jouets et des jeux pour leurs petits-enfants, le chalant moyen jette un oeil mais ne s'attardent pas, quelques barbus s'arrêtent devant les 45 tours, les adolescents de 35 ans regardent les jeux de société d'un peu plus près.

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Assises sur notre tabouret, ma soeur et moi attendons les "clients". On joue à la marchande, en quelque sorte, comme lorsque nous étions petites. Sauf que les pièces qui tombent dans notre besace sont bien réelles et que le soleil tape dur. Peu à peu, je me suis transformée en écrevisse, mes bras ont commencé à me brûler, puis j'ai aperçu mes mollets et mes pieds, mon décolleté. J'ai aussi découvert qu'on pouvait avoir un coup de soleil sur les mains... Seul le visage a été épargné, grâce au chapeau de paille.

25 mai 2011

Avancée pédagogique

Cécile, venue dîner hier, m'a fait découvrir truc absolument génial.

Des profs d'histoire à Hawaï, afin de faire rentrer certains concepts et quelques dates dans le crâne de leurs élèves obtus, se sont lancés dans une expérience des plus extraordianires : il font des clips. Oui oui, des clips. Comme dans "clip musical". Pour être plus précis, ils reprennent des chansons - des hits, même - dont ils modifient les paroles pour les adapter à un fait historique. Et non contents du résultat, ils ajoutent à la performance vocale la performance "filmique". Le résultat est assez bluffant !

Pour les fans de Lady Gaga, la Révolution française sur l'air de Bad Romance:

Où l'on sent l'exaspération des enseignants (il suffit de lire le commentaire de l'auteur : "You will never, EVER forget the date of the Norman invasion and the Battle of Hastings after watching this. Ever."), Guillaume le Conquérant sur l'air de Sexyback de Justin Timberlake :

Et enfin, just for fun, un délire préhistorique et archéologique, sur l'air de Toxic de Britney Spears :

25 mai 2011

Sur le vif

L'odeur sucrée des roses, en plein soleil, sur le chemin de la mairie.

Les pleurs d'un enfant dans le ras-le-bol ambiant de la préfecture de police.

Le regard de veau d'un élève, quand je lui demandais pour la millième fois de se taire et d'écouter le cours (sans effet).

La sensation du sable qui s'infiltre dans mes sandales.

L'excitation, plus que l'anxiété, due à mon exposé sur le hangeul ; l'envie de poursuivre pendant des heures cette présentation.

Le violon qui joue une gigue irlandaise, au premier étage de mon immeuble. Son perçu entre deux portes, dans l'escalier.

21 mai 2011

Les enfants terribles

Lundi dernier, cours avec les cinquième, en français. Au programme, comme d'habitude, des exercices de grammaire sur le fichier et quelques explications pour ceux qui n'auraient pas suivi pendant le cours avec ma collègue. Seulement, il y a toujours ceux et celles qui n'ont pas leur fichier. Et depuis quelques semaines, fatiguée d'en voir sans leurs affaires malgré mes multiples avertissements, j'ai décidé de mettre à la porte ceux qui arriveraient les mains vides.

Et lundi dernier, alors que j'appliquai plus ou moins la sentence pour la deuxième fois, la classe tout entière, prise d'une sorte d'accès de folie, s'est mise à me huer. Ouais, à me huer.

L'an dernier, j'aurais fui en courant ou aurait perdu pied, sans aucun doute. Lundi dernier, j'ai eu trois secondes d'absence - le temps de réaliser l'énormité de ce qui se passait devant moi, de comprendre ce que j'étais en train d'expérimenter. Et d'un coup, le déclic dans mon cerveau.

La colère. Brève. Violente. Je hurle comme jamais encore je ne l'avais fait. Je hurle tellement fort que j'en deviens écarlate. Que je m'en brise la voix. Cette colère, jamais je ne l'avais éprouvée à ce point. Le silence est revenu, et presque le calme. J'étais tellement secouée que j'en avais les jambes coupées.

Bien sûr, j'ai fait mon rapport à leur prof principale. Et j'ai reçu hier une pile de lettres d'excuses dans mon casier. Et bien sûr, tout est pardonné. Je ne suis pas rancunière, et leurs fautes de français et phrases aux tournures si amusantes m'ont bien amusée. Et sans doute ma naïveté sans borne et mon optimisme qui frôle l'imbécilité me poussent à croire ce qu'ils écrivent, à savoir qu'ils seront sages comme des images, qu'ils aiment mon cours et que je suis une prof gentille... "Heureux les simples d'esprit," comme dirait Matthieu.

Mais tout de même. C'est une expérience qui marque.

20 mai 2011

Il n'y a pas plus tenace que la chanson qui vous trotte dans la tête le matin, alors que vous n'avez même pas encore ouvert les yeux et que votre réveil vous serine depuis dix minutes. Cette chanson-là, vous aurez beau faire, elle vous reviendra sur le bout de la langue toute la journée, et ce pendant une semaine si vous êtes chanceux, plus si vous ne l'êtes pas (j'ai le souvenir douloureux d'un ouragan qui m'avait collé au cerveau pendant un long mois en terminale...).

Et ce matin, celle qui a élu domicile dans mon humble ciboulot, n'avait rien de la balade discrète qu'on fredonne en dégustant son porridge. Non. C'était du lourd - ou devrais-je dire "c'est", parce qu'à mon avis, j'en ai pour un petit moment.

[Je voulais insérer ici une image pour illustrer et rendre ce post un peu moins triste, mais je pense que vous allez être suffisamment traumatisés, je ne vais pas en rajouter. Cela dit, ce ne sont pas des monstres.]

Vous savez ce qu'est Super Junior, maintenant, à moins que vous ne soyez nouveau lecteur, fraîchement débarqué sur ce blog (auquel cas, il est encore temps de fuir). Vous vous doutez qu'ils ne sont pas seuls interprêtes ès niaiseries dans ce curieux pays qu'est la Corée. Et que s'il y a des boys bands, il existe également leur pendant féminin, à savoir les sympathiques girls band.

Là où les choses se gâtent, c'est quand le boys band reprend et parodie une chanson de girls band. Une chanson à la "mélodie" facile et au rythme simple, le genre bien commercial qui adhère facilement aux neurones. Comme, évidemment, je ne fais jamais les choses à moitié, c'est sur Youtube que j'ai découvert cette chanson, donc la vidéo qui va avec. (De toute manière, la chanson n'existe qu'en version live, de façon à faire profiter tous les téléspecteurs des hurlements des midinettes en folie.)

Bref, la coréïte aiguë est revenue, sentant sans doute l'approche et arrivée imminente des examens... Et comme je suis sympa, je vous laisse la vidéo, pour que vous aussi vous puissiez chanter le matin dans votre cuisine.

N'empêche, ils ont des T-shirts avec une inscription en hangeul !

Et comme je suis encore plus sympa, je vous épargnerai la vidéo de l'original (mais vous pouvez toujours aller voir par là ce que ça donne en version Girl's generation - oui, ce n'est pas l'originalité qui étouffe ceux qui baptisent les groupes coréens, m'enfin).

J'essaye de me soigner, même si c'est difficile. Pour l'instant, le seul remède que j'aie trouvé est la playlist de bandes originales de bollywoods, que ma soeur m'a rapportée d'Inde...

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