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Vous en parlerez à votre cheval...
24 mars 2013

Marc Chagall

Mardi dernier, dix-sept heures. Je sors d’un séminaire passionnant où j’ai découvert qu’il existait des « linguistes heureux », et c’est le sourire aux lèvres que je m'extirpe du labyrinthe de la Sorbonne (passerelle, escalier H, cour Cujas, galerie Claude Bernard puis à gauche vers la place de la Sorbonne). Il crachine, et je me réfugie à l’UFR de grec pour attendre Manon. Lorsqu’elle arrive, il pleut à verse, et nous patientons un peu avant de partir pour le Musée du Luxembourg.

CHAGALL Marc - Autour d'elle

C’est dans un calme relatif que nous visitons l’exposition dédiée à Marc Chagall. Je connaissais surtout ce peintre pour avoir vu il y a fort longtemps sa mosaïque à Sainte-Roseline, et depuis un projet d’arts-plastiques en seconde, j’associais son nom au bleu. J’ai donc pu découvrir d’autres dimensions de son œuvre, et certaines toiles m’ont émue. L’exposition est extrêmement riche, et le nombre d’œuvres exposées est impressionnant.

CHAGALL Marc - Wonded soldier (1914)

Une fois admirés les dessins à l’encre et la superbe Vue de la fenêtre à Zaolchie, près de Vitebsk, nous entrons dans la salle aux peintures religieuses. Illustrations de l’Ancien Testament, nous admirons les anges et l’expressivité des visages tout en cherchant à deviner quelle scène est représentée avant de lire les explications. Par la suite, nous jouerons à « Où est Charlie », en quête de l’âne, du violon, du couple, de la mère à l’enfant, de l’oiseau et j’en passe.

CHAGALL Marc - Vue de la fenêtre à zaolchie, près de vitebsk (1915)

Le Christ crucifié de L’Exode me plaît : loin de la souffrance caractéristique de ce genre de scène, ses yeux fermés, son air bienveillant et apaisé donnent une impression de calme et de sécurité relative au-dessus de la foule désordonnée.

CHAGALL Marc - L'Exode

Les couleurs, quand elles ne sont pas salies de noir, me séduisent. Ce bleu récurrent est éblouissant. Et le jaune du Roi David et de La Danse apporte chaleur et réconfort. Les violets, verts, rouges sont superbes.

CHAGALL Marc - La Danse (1950)

Finalement, l’ennui à la Sorbonne a du bon. Sans lui, je ne me serais probablement jamais décidée à aller voir cette exposition, et c’eût été bien dommage.

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21 mars 2013

Iphis et Iante

Tout commença à l’automne, quand je découvris qu’une amie de longue date, perdue de vue depuis des années, jouait dans une pièce qui ne laissa pas de m’intriguer quand j’en eus lu le synopsis. Voyant que la tournée passait par le théâtre de Saint-Quentin, je saisis l’occasion d’élargir ma culture littéraire et de revoir cette amie. Aussi, hier soir, lorsque je pris place dans la grande salle – loin d’être pleine – j’ai pu apprécier pleinement l’ambiance propre à ce lieu un peu magique. J’étais en plein milieu, ni trop près ni trop loin de la scène, à distance respectueuse des meutes de lycéens surexcités. L’odeur de chlorophylle mentholée du chewing-gum de ma voisine et de naphtaline du couple devant moi me tinrent compagnie durant un spectacle que je savourai du début à la fin.

Benserade

Née en 1634 de la plume d’un certain Isaac de Benserade (dont j’ai découvert après coup qu’il était surtout auteur de ballets), cette pièce pour ainsi dire inconnue est inspirée d’une des métamorphoses d’Ovide – tirée du livre IX, pour être plus précise.

Le mythe est simple : Iphis, née fille, aurait dû mourir à la naissance, son père ne voulant pas s’encombrer d’un tel fardeau. Mais sa mère, confortée par la déesse Isis, la garde en vie, et l’élève comme un garçon. Le père n’y voit que du feu (pas très futé, il donne tout son sens à l’expression « prendre ses désirs pour des réalités ») et arrive le jour où son fils est en âge de se marier (treize ans pour Ovide : autre temps, autres mœurs). Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : les pères sont d’accord, les promis sont jeunes et beaux, la future épousée est folle amoureuse de son fiancé et… Iphis est également fort épris-e de la belle Ianthe. Devant l’urgence de la situation et à force de prières, Iphis et sa mère finissent par atteindre Isis, qui métamorphose la jeune fille en jeune homme.

Iphis-et-Iante-Raphael-Arnaud

Mais Benserade est jeune (vingt-deux ans quand il écrit la pièce), et veut jouer avec son public. Aussi, pour corser la situation – déjà fort épicée, – décide-t-il de décaler le moment de la métamorphose. Oh, si peu. A peine vingt-quatre heures. Le temps d’une nuit de noces en fait. Nuit que les protagonistes (âgées de vingt ans dans cette version) semblent avoir appréciée :

(Iphis)
J’oubliais quelquefois que j’étais fille,
Je ne reçus jamais tant de contentements

(Iante)
Si la fille épousait une fille comme elle,
Sans offenser le ciel et la loi naturelle,
Mon cœur assurément ne serait point fâché

iphisetiante

L’ensemble est saupoudré d’un amoureux transi (et oui, le pauvre Ergaste, qui connaît le secret d’Iphis et passe pour insensé), d’une amoureuse de l’amoureux transi, de messes basses entre confidentes et de menaces de suicide régulières. Et oui, c’est bien connu, les premières amours sont douloureuses. Et il est des secrets difficiles à avouer, lourds à porter. Cette pièce m'a rappelé une tragédie que j'avais vue il y a longtemps, Dommage qu'elle soit une putain, de John Ford : même si Iphis et Iante est une comédie, elle aborde un sujet tabou, et très rarement représenté. (J'ai cherché un article que j'aurais écrit sur la pièce sus-citée, mais je l'ai vue en janvier 2006, date à laquelle ce blog n'existait pas...)

iphisetiantecraphaelarnaud2640

Je ne vais pas me lancer dans une analyse de la pièce – quoiqu’elle le mérite – car le metteur en scène le fait très bien dans l’interview que vous pouvez visionner ci-dessous. Mais je peux dire naïvement que j’ai vraiment aimé cette mise en scène dynamique, le rythme enlevé des dialogues, les décors et costumes simples, beaux et efficaces, le double langage, le jeu des acteurs.

Sitôt les applaudissements éteints et les lumières rallumées, je me mets en quête d’un moyen de rencontrer les acteurs. Je descends au foyer, et j’attends, la peur au ventre. Après tout, le collège est loin désormais, et la dernière fois que je l’ai vue, c’était en coup de vent avant son entrée en scène dans Richard III. Les spectateurs ont quitté les lieux, seul un couple sirote une bière dans un canapé. Les acteurs sortent peu à peu. J’attends, l’angoisse monte. Des milliers de questions m’assaillent. Mais le sourire incrédule sur son visage les fait taire. Elle se souvient de moi, tout va bien.

5 mars 2013

Kiloversaire

Aujourd'hui, j'ai 9 000 jours tout rond !

C'est un heureux hasard qui m'a conduite sur cette page la veille de mes 9 000 jours (merci au Professeur Moustache, qui cite toujours ses sources et permet ainsi la découverte de nombreux sites et blogs originaux).

Et vous, combien de jours avez-vous ?

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