Questions existentielles et salsifis
Travailler au centre communal d'action sociale de sa ville, c'est redécouvrir son supermarché sous un jour nouveau.
Armée de deux listes (quand ce n'est pas plus), je tente d'organiser ma visite pour gagner du temps. D'abord les produits d'entretien, puis l'eau, puis les conserves et le pain, puis les produits frais, enfin le fromage à la coupe (et l'oeuf unique de Madame R.). Malheureusement, toute ma bonne volonté est réduite à néant face aux lingettes pour lunettes : produits d'entretien ou hygiène ? La question restera sans réponse : j'ai annoncé à Madame A. que le rayon était vide. Quant à la lessive S*** pour le noir, elle n'y est pas. Toutes les marques sont en rayon, sauf celle-ci. Déconfite par ces deux échecs successifs, je me rabats sur les yaourts et autres boîtes de salsifis.
Mais là, le dilemme me frappe à nouveau : on me demande des boîtes de pois cassés. Or, les pois cassés en conserve, ça n'existe pas (ma mère, au bout du fil, me le confirme). Que faire ? Prendre des pois secs ? Choisir des petits pois ? Des pois chiches ? Encore dix minutes de passées. En ce qui concerne la "macédoine de fruits", le choix est cornélien : faut-il opter pour le "cocktail exotique" à fond turquoise ou pour la "coupe fraîcheur" à fond rose ?
Enfin, c'est à la caisse que commence les vrais problèmes : ne pas mélanger les courses de Simone et de Thérèse. Mettre dans les bons sacs. Récupérer la monnaie de l'une et ne pas oublier la pièce d'identité de l'autre (j'ai de la chance quand on ne me demande pas la mienne en prime). C'est une concentration de tous les instants, exercice fort difficile quand on a les jambes qui flageolent et les yeux qui papillonnent, sous l'effet du Doliprane de midi...