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Vous en parlerez à votre cheval...
30 juin 2011

Fin

Onze ans, et jamais encore je n'avais complètement arrêté. Onze que je le côtoyais quotidiennement et que je le chérissais tendrement.

Il y a deux ans, j'ai atteint mon apogée, et depuis j'étais passée de l'autre côté de la barrière. Ce n'était pas une pente descendante, non. C'était juste un autre point de vue.

Point de vue que j'ai eu une chance inouïe de connaître. Point de vue que j'ai appris à apprécier, puis même à aimer. Oui. C'est pourquoi, quand j'ai eu la confirmation que ce serait non pour l'année prochaine, j'ai eu comme une petite déchirure.

J'ai eu mal, et je me suis sentie un peu bizarre. Et mes yeux ont un peu piqué. Deux larmes ont coulé, puis ont séché immédiatement. L'envie de me manque pas, de pleurer, c'est juste que c'est idiot.

La semaine dernière, j'ai fait du latin pour la dernière fois.

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19 juin 2011

C'est du chinois

Voici, mot à mot, le contenu des photocopies des cours que je suis censée apprendre pour demain :

Le pinyin utilise l'alphabet latin avec les valeurs phonétiques de l'albanais.

Composition interne des caractères -> 11 traits pour le caractère cong = "coeur, oreille, cheminée" -> donne le signe "intelligent". Mais seulement "coeur" et "oreille" ont des valeurs sémantiques. Valeur phonétique uniquement pour "cheminée".

Perso, j'aimerais voir le rapport entre "coeur", "cheminée", "oreille" et "intelligent" !

Sinon, je dois aussi retenir des trucs sur les langue thaï-kadaï, aïnou, mandchoues, le haut-sorabe, l'ossète, le tadjik, les caractères devanagari, le mordve, l'oudmourte, le chleuh ; le drehu et le nongone situent toujours le locuteur par rapport à la mer (dans les indices spatio-temporels de la situation d'énonciation) ; baoulé, nom d'une langue en Côte d'Ivoire signifie "enfant mort" ; savoir écrire 67 toisons de montons en cunéiforme... Autant de choses faciles à caser dans une conversation de tous les jours !

12 juin 2011

Elémentaire

Le plaisir de faire découvrir Sherlock à ma mère ^^

SherlockBBC2

8 juin 2011

Passe-Muraille

Découvert au hasard de mes errances sur la toile, un artiste pas ordinaire.

Un homme qui a inventé la cape d'invisibilité, un homme qui a le pouvoir de se fondre dans les murs, un homme qui se fait caméléon.

Liu Bolin, artiste chinois, sculpteur de son état, a fait de lui-même son support. Si j'ai bien compris les quelques informations que j'ai glanées sur lui, il a commencé ses peintures lorsque le quartier d'artistes dans lequel il résidait a été détruit.

Son procédé ? Sa personne devient le support d'un trompe-l'oeil à taille humaine. Sur ses vêtements, un assistant reproduit le décors, de façon à ce qu'il disparaisse entièrement. Le résultat est immortalisé par une photographie, et le tout est proprement effarant.

Voyez plutôt :

Hiding_in_the_City__Dragon_Series__No_6_on_9_pannels

Piazza_San_Marco__2010_

Hiding_in_the_City_No_71__Bulldozer

Il m'a fallu du temps pour le trouver dissimulé dans le bulldozer...

Family

La photo de cette famille, engloûtie par le rouge du drapeau chinois, est, je trouve, particulièrement oppressante...

People_s_Policeman

L'homme invisible est parmi nous !

7 juin 2011

Papa et maman sont dans un bateau

Dernier titre de Marie-Aude Murail que j'ai lu. Une nouvelle perle. Petite merveille de réalisme et de poésie, de cynisme et de beauté. C'est tendre et cruel tout à la fois. Les personnages parlent tous. On se reconnaît un peu en chacun.

papa_et_maman_sont_dans_un_bateau

Le petit, surdoué, un an d'avance, dont les grands de l'école se moquent, et qui admire son papa éperdument. Lui qui aurait tant de choses à raconter, personne n'a le temps de l'écouter.

L'adolescente, qui vit ses propres fantasmes et passe sa vie plongée dans ses mangas. Histoires tordues et personnages ambigus. C'est une fille, mais elle se dissimule dans ses sweatshirts et veut qu'on l'appelle Charlie. Elle ne sait pas qui elle veut être, ce qu'elle veut être, et pour ne pas y penser, elle lit. Et imagine.

Le père, directeur d'agence d'une compagnie de transports routiers qui vient de se faire racheter par une grosse boite, subit la restructuration de plein fouet. Quand l'inhumanité vient tout foutre en l'air.

Et la mère, institutrice en maternelle, fatiguée, qui n'a pas le temps pour ses propres enfants, pas même le temps de leur dire qu'elle les aime.

Un fond de quotidien qui use. Un quotidien tellement vrai qu'il en est palpable. Un sentiment qui étreint le coeur à chaque ligne, à chaque phrase. Les mots sont douloureux. La réalité est douloureuse.

Marie-Aude Murail fait se côtoyer cette sensibilité avec le sarcasme, la parodie, le cynisme. Les critiques fusent à tous les étages - société de consommation, pédagogie-démagogie, adolescence - et les mots sont souvent mordants. Drôles aussi.

Comme toujours dans ses livres, on pleure, on rit, on éclate en sanglots, on sourit. Et la fin nous emplit d'espoir.

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7 juin 2011

Comme ivre

La tête qui donne l'impression qu'elle va imploser. La barre au-dessus des yeux, comme si les ouvrir relevait de l'impossible. Métaphore de la cocotte-minute, du marteau. Toutes se valent, et pas une ne décrit vraiment la migraine.

Le cachet dans un verre, le Coca dans un autre. Le mélange détonnant de la caféine et de l'aspirine. La douleur va se calmer, finalement.

La fatigue. La peur d'oublier quelque chose. Penser à se lever à l'heure. Penser aux cours particuliers. Penser à corriger les copies. Penser que les conseils de classe approchent. Penser à prévenir de mon absence telle date. Penser à aller déjeuner avec le père. Penser à préparer ceci ou cela. Penser à poster la lettre pour l'assurance. Penser à l'année prochaine. Penser aux vacances.

Je me donne mille choses à faire pour ne pas penser aux révisions. Les partiels approchent. Sur les deux semaines et demie de révisions, il n'en reste qu'une, et je n'ai pas commencé. Un projet à rendre pour dans trois jours. Des cours à rattraper. Plein.

Alors je mange. Le sucre coule dans mes veines et m'alourdit. Comme si j'avais bu. Je me sens engourdie, un peu vacillante. Je ne supporte pas le sucre, mais j'aime ça. Il y en a qui fument, d'autres qui boivent. Je mange de la confiture ou du chocolat.

Puis je culpabilise. Alors pour enfouir ce sentiment, je regarde le rayon de soleil percer le ciel de plomb et saupoudrer les acacias devant ma fenêtre. Et j'écoute Andréas Scholl qui chante le Stabat Mater. Vivaldi. La panacée.

6 juin 2011

Crise de larmes

Marie-Aude Murail, Papa et maman sont dans un bateau, édition L'école des loisirs, page 162 :

La nuit précédente, il avait entendu papa crier : "J'en ai marre de cette vie de con ! Je voudrais être ailleurs, ailleurs !", il avait entendu maman lui répondre : "Pars, va-t-en !" Il avait appelé papa et papa l'avait sorti du lit et pris dans ses bras.

- Tu as fait un cauchemar, bonhomme ?

- Oui.

- Toujours tes fichus robots ?

- Oui...

Il avait enfoui sa tête dans le cou de papa, là où le sang battait tout chaud, et il avait murmuré passionnément :

- Pars pas.

Et là, j'ai fondu en larmes. Il est bientôt trois heures de matin, et je fonds en larmes en lisant ces quelques phrases, dans un bouquin pour collégiens.

Dehors l'air est frais. La pluie a cessé. J'ai les yeux gonflés de sommeil et de larmes, et le nez bouché. J'aimerais avoir l'âge d'Esteban et encore un père que je pourrais supplier : "Pars pas."

1 juin 2011

Frasques divines

EDIT: Je viens de me rendre compte, en précisant les titres, peintres et musées des tableaux, que je les avais tous vus en vrai, à l'exception de Leda... mais je trouve que ce Véronèse est une bonne raison pour aller à Ajaccio, non ?

Comment conserver l'attention de ses trente-moins-quelques-absents élèves en un jour ensoleillé, alors que la fin de l'année est proche-même-si-pas-tant-que-ça ? Le programme que j'avais prévu au tout début de l'année m'y aide beaucoup, puisque c'est l'époque de la « Religion romaine ».

Il m'a suffi d'adapter la civilisation en « Histoires mythologiques sur les dieux romains » ou même mieux, en « Potins olympiens et rumeurs divines » (titre que j'aurais dû leur faire écrire dans leur classeur, tiens). Et les voilà, estomaqués devant toutes les « horreurs » que recèle la mythologie (selon eux).

Commencer par les traumatiser en leur parlant de Saturne qui dévore ses enfants et en leur faisant comparer les œuvres de Goya et de Rubens (en grand écran sur le tableau numérique, s'il-vous-plaît), c'était une très bonne idée.

goya_cronos rubens_saturn

Saturne dévorant un de ses enfants, Francisco Goya (Musée du Prado, Madrid)
Saturne dévorant un de ses fils
, Pierre-Paul Rubens (Musée du Prado, Madrid)

Puis on enchaîne avec la naissance de Vénus (je n'ai pas assumé jusqu'au bout et me suis contentée du « sang d'Uranus tombé dans la mer »). Je me permets un tableau un peu plus osé que Botticelli (auquel ils n'échappent pas, parce que Botticelli, je l'aime). C'est là qu'un élève demande ingénument « Elle n'avait pas de sexe Aphrodite ? ». Et moi de le regarder avec des yeux ronds, ne voyant pas où il veut en venir. Jusqu'à ce que je comprenne qu'il veut parler d'Hermaphrodite, et non de sa mère. Je me permet alors un petit crochet sur cette belle légende.

1863_Alexandre_Cabanel___The_Birth_of_Venus

La Naissance de Vénus, Alexandre Cabanel (Musée d'Orsay)

Après cela, Vesta, Cérès, Proserpine, comment Zeus trompe sa sœur et épouse avec son autre sœur... Neptune et ses colères terribles, la naissance de Pégase. « Madame, comment ça s'appelle un cheval avec une tête d'homme, déjà ? - Un centaure. - Ah oui ! Mais ça existe en vrai ? » Ouh là ! Il est temps de faire un rappel : « Sirènes, centaures et licornes n'existent pas. C'est de la my-tho-lo-gie. »

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Leda et le cygne, Paolo Véronèse (Musée Fesch, Ajaccio)

Ils y ont échappé...

Lorsqu'on passe aux frasques de Jupiter, s'élèvent les gloussements qui se veulent indignés des filles et les regards sceptiques des garçons. Genre se transformer en taureau c'est une bonne méthode de drague. Bref. Je vais attaquer les amours d'Apollon le loser, et fais ma petite transition grâce à Ganymède. Huhu. Et là, cris outrés et rires incrédules. J'ai beau dire que ça n'a pas d'importance, ils ne peuvent retenir leurs grimaces. Coup de grâce avec Cyparissos et Hyacinthe.

klimt_danae_1

Danae, Gustav Klimt (Leopoldmuseum, Vienne)

Ils n'y ont pas échappé.

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