C'est marche ou grève!
Voyez-vous, parmi les honorables professeurs qui me dispensent leur auguste science et leur vénérable savoir, il s'en trouve UN, un fâcheux énergumène, qui a refusé de faire comme ses pairs, et qui a maintenu, envers et contre tout, le devoir sur table du vendredi 16 novembre 2007, jour reconnu de grève depuis une semaine déjà. Plutôt que de déplacer ce fichu devoir, plutôt que de dire « Dans le doute, je préfère que tout le monde soit là, alors nous le rattraperons à la séance suivante », cet individu abscon a préféré annoncer, après moult tergiversations, que si, et seulement si, moins de cinquante pour cent des effectifs étaient présents, alors le devoir serait supprimé. Ce qui laisse toute personne normalement constituée dans un doute terrible, dans un cas de conscience effroyable. Et si je n'y allait pas? Mais si le devoir avait lieu? Sera-t-il rattrapable pour cas de force majeure? Cette éventualité fut écartée assez rapidement, au profit des autres éventualités. Le fruit de mes assidues recherches fut le suivant:
- La SNCF est en grève, je dois rechercher les trains qui me permettront d'aller dans la capitale. Pas de train pour la Défense, le dernier RER est à 8h40, le dernier train pour Montparnasse à 9h28, et mon devoir est à 15h... cherchez l'erreur!
- La RATP est en grève, je dois me renseigner sur la fréquence des métros. Un sur cinq environ. Sachant qu'ils avaient prévu la même chose pour aujourd'hui et qu'il y en avait un sur quinze pour la ligne 13 et pas du tout pour la ligne 3, la seule qui me permette d'accéder à Malesherbes.
-
Les étudiants sont en grève et
totalement imprévisibles.
Il semblerait que Malesherbes ait été bloqué
aujourd'hui (je n'ai pas pu vérifier de mes yeux: je suis
coincée chez moi depuis deux jours par une mauvaise crève
grève). Ce serait un comble que je sois bloquée sur
Paris, de 10h à 17h (parce que pas de train avant 17h les
amis!), tout ça pour regarder le centre universitaire bloqué
par une bande de chieurs
manifestants.
- Enfin, et ce n'est pas la moindre des hypothèses: et si le professeur lui-même n'arrivait pas? Hein? On aurait l'air malin, à trois élèves (c'est-à-dire moins de la moitié de la moitié de la moitié des effectifs), bloqués devant la fac, à attendre un prof qui n'arrivera jamais parce que lui-même est coincé à l'autre bout de Paris, attendant un métro qui n'arrivera jamais.
Les mesures qui s'imposent sont radicales: à l'aube, téléphoner au centre. S'il n'y a pas de réponse, s'inquiéter. Préparer un bon pic-nic avec du chocolat pour calmer les nerfs au cas où. Prévoir un plan de Paris: on ne sait jamais que je sois dans l'obligation de faire Montparnasse-Malesherbes à pied, par -5°C. Et enfin, si je n'ai pas eu de réponse de la fac, tenter, dans un appel désespéré, un rappel juste avant le départ fatidique à 9h.
Bref, je vous le dis tout-de-suite, ces sombres élucubrations m'ont torturé l'esprit toute la journée, m'empêchant ainsi de travailler... Cette grève, quelle poisse!